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2^8 LES PRIMITIFS FLAMANDS

Bruegel en outre s'inspira de Bosch, jusqu'à le pasticher ainsi que le montre la magnifique composition : les Grands poissons mangent les pelits{\) où je ne sais quelle baleine monstrueuse, échouée sur la grève et proprement lardée par un personnage vengeur, restitue le fretin qui n'a pas passé... On peut aussi relever l'esprit boschien dans une abondante série de planches que les graveurs des Quatre- Vents exécutèrent d'après les dessins de Bruegel : la Cure de la Folie (z), l'Ane à l'Ecole, le Mercier pillé par les Singes (3), ainsi que des compositions religieuses, la "Résurrection, la "Descente aux limbes, la Mort de la Vierge, le Jugement "Dernier, la Parabole du Bon Pasteur, les Vierges sages et les Vierges folles, etc. Il va sans dire qu'à chaque instant des marques profondes d'originalité établissent le prélude d'un art qui sera unique. Le crayon du maître est de la plus fière sûreté dans sa triomphale série de navires aux voiles gonflées ou carguées (à ce cycle appartient le Combat JSaval placé dans le décor du détroit de Messine) ; et ses petits paysages, croqués au pays flamand, — châteaux, fermes, moulins, chaumières, étangs, clochers, etc., — d'une vérité si simple et si frappante, justifient déjà pleinement la devise de l'artiste : Tiaer't leven, — D'après la Vie.

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La plus ancienne des peintures datées et signées du maître ne remonte qu'à 1558 : les Douze proverbes flamands, (collection Mayer van den Bergh d'Anvers fig. CCIV). C'est une série de figurines, joyeusement observées, qui illustrent douse proverbes rédigés en distiques et écrits en lettres d'or.

Il se peut que Bruegel ait exécuté antérieurement des peintures qui se sont perdues. "L'Adoration des Mages de la collection Fétis (fig. CCV Musée de Bruxelles) précède peut-être les Douze proverbes; elle est exécutée à la tempera, procédé qui résiste mal à l'humidité du climat septentrional. Aussi cette Adoration a-t-elle beaucoup souffert, tandis que les deux chefs-d'œuvre de Bruegel conservés à Naples et peints avec la même matière sont intacts. On [suppose donc avec raison que des œuvres picturales de ce genre exécutées avant i558 pourraient bien avoir disparu {4). Malgré quelques écaillures et malgré l'effacement des couleurs légères, Y Adoration des Mages est restée d'un puissant attrait. On ne se lasse pas d'admirer l'animation de cette

(1) Le dessin est conservé à TAIbertine-

(i) Sujet traité par Bosch dans le tableau du Prado (voir notre chapitre XXIV).

(3) Sujet traité par Blés (voir notre chapitre XXIX).

(4) Le Musée Impérial de Vienne conserve de Bruegel un fragment d'une fête de taint Martin a la détrempe, vernie à l'huile, el contemporaine sans doute de notre Xdorallon da Maga.