présentée comme une apparition nouvelle. On s’accordait à faire porter cette prédiction néfaste sur la comète qui a reçu le nom de comète de Charles-Quint. Mais les détails dans lesquels nous allons entrer montreront suffisamment qu’il fallait être étranger aux notions de l’astronomie pour oser prédire à un jour fixe la réapparition de cet astre.
La comète dont la réapparition était annoncée porte aussi le nom de comète de 1556. C’est en effet à cette époque que fut aperçu dans le ciel un astre qui fut considéré comme identique à la comète qui s’était montrée en 1264 et qui revenait après avoir accompli sa révolution dans un intervalle de 292 années. Sa vue porta l’épouvante dans toute l’Europe. Dans la crainte des malheurs qu’elle semblait présager, Charles-Quint déposa la couronne de l’empire et se fit pénitent du monastère de Iuste, en Estramadure.
Ce grand corps céleste apparut au commencement du mois de mars de l’année 1556 ; il se trouvait alors dans la constellation de la Vierge. Il n’était pas aussi brillant qu’à sa première apparition en 1264 cependant tous les écrivains du XVIe siècle déclarent qu’ils n’avaient jamais vu un astre chevelu d’un tel éclat ni d’une telle grandeur. La comète traversa la Vierge, le Navire, et se rapprocha des constellations polaires jusqu’à Céphée ; vers la troisième semaine d’avril elle disparut subitement dans la constellation de Cassiopée.
Le célèbre disciple de Luther, Mélanchthon, l’un des plus éminents auteurs de la réformation religieuse de l’Allemagne écrivait dans ses Annales, à la date de 1556 :
« Le 5 mars, nous avons aperçu ici une comète située dans la constellation de la Vierge, près de l’étoile que les Grecs nommaient Protrygetera (c’est-à-dire l’Épi). En ce moment, les planètes Saturne, Mars et Vénus étaient en conjonction avec le Soleil dans le Bélier. La comète prenait de midi à minuit
