Page:Figuier - L’année scientifique et industrielle, 1860.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Si l’on examine au microscope des fibres isolées de ligneux, de soie ou de laine qui ont été colorées par les procédés ordinaires de la teinture, on reconnaît que la substance de la fibre est teinte par pénétration du principe colorant. La fibre est uniformément colorée, transparente ; on n’aperçoit aucune particule colorante insoluble à sa surface ; elle est homogène, privée de pores et de canaux. Les étoffes teintes étudiées dans les fibres isolées qui les constituent, présentent toutes ces mêmes caractères. Il faut en excepter, toutefois, les étoffes colorées par le chromate de plomb ou par l’oxyde de chrome, qui sont teintes en partie par le dépôt du principe colorant à la surface de la fibre, et en partie par pénétration. En dehors de ces quelques cas exceptionnels, les fibres textiles teintes sont constamment colorées par pénétration du principe colorant et par son union intime avec la substance même de la fibre[1].

Les procédés employés pour colorer les étoffes varient, avons-nous dit, suivant la nature des tissus. En effet, tandis que les fibres d’origine animale, la laine et la soie, s’emparent des principes colorants en dissolution dans un bain de teinture dans lequel entre un sel métallique faisant l’office de mordant, au contraire, le ligneux, c’est-à-dire le coton, placé dans les mêmes conditions, ne fixe pas trace de couleur. Pour que du coton, du fil ou du chanvre puissent se colorer de manière que ni les lavages à l’eau, ni le frottement n’enlèvent la couleur, il faut, de toute nécessité, que le principe colorant soit rendu insoluble lorsqu’il a

  1. La perméabilité par les liquides des fibres, privées de pores et de canaux, est un des phénomènes les plus intéressants de l’endosmose. Ainsi s’explique ce fait que les racines de végétaux terminées à leur extrémité par une masse compacte et homogène, puissent laisser pénétrer dans leur intérieur les liquides qui baignent le sol. L’union intime des particules devenues insolubles, avec la substance de la fibre, est encore un phénomène remarquable. Ces deux faits prouvent bien que la substance de la fibre créée sous l’influence de la vie, possède des propriétés particulières.