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mation de ces cyclones, ou l’apparition de simples perturbations atmosphériques, le câble atlantique permet souvent d’annoncer avec exactitude le jour de l’arrivée d’une de ces grandes agitations de l’atmosphère, une fois leur vitesse déterminée sur la côte américaine. S’il s’agit d’un cyclone, les météorologistes américains, lorsqu’ils ont réussi à déterminer l’intensité, l’étendue et la direction des mouvements tournants qui constituent ce redoutable météore, ainsi que sa vitesse de transport, annoncent aux ports d’Europe placés dans sa direction le jour probable de son arrivée à tel ou tel point géographique de notre continent. Sans doute, de nombreuses causes perturbatrices peuvent faire dévier sur sa route la tempête ainsi annoncée ; mais il est rare que ces indications soient reconnues erronées, et les avis reçus de l’Observatoire central créé à New-York par le commandant Maury, et dirigé aujourd’hui par ses successeurs, ont certainement évité de graves sinistres à nos côtes maritimes de l’ouest.

Annonce des crues des rivières et des fleuves. — Au moment des grandes pluies, le télégraphe rend de réels services aux ingénieurs des Ponts et chaussées de nos départements, pour signaler les crues anormales qui se manifestent en amont des fleuves. À Paris, par exemple, le service hydrographique recevant des avis de la hauteur des différents cours d’eau dont la Seine est tributaire, et de la quantité de pluie tombée dans les vallées riveraines, peut prédire, à un centimètre près, la hauteur que la Seine pourra présenter à un jour donné. Les avertissements donnés de cette manière aux habitants des bords de la Seine situés en aval permettent à ceux-ci de prendre toutes les mesures nécessaires contre les effets des inondations.

Le service hydrographique est parfaitement établi en France, non seulement pour la Seine, mais pour tous les grands cours d’eau du pays. Dans les débordements de la Seine, en 1876, la commission hydrométrique, alors dirigée par Belgrand, fournit des prévisions qui furent de la plus grande utilité ; et les inondations de la Garonne, en 1875, avaient été également annoncées plusieurs jours à l’avance, par l’Observatoire du Pic du Midi.

Sémaphores électriques. — Les sémaphores qui ont été créés primitivement pour la défense de nos côtes ont été utilisés, grâce à la télégraphie électrique, pour fournir à l’Observatoire de Paris le bulletin du temps présent et du temps probable. Beaucoup de nos sémaphores envoient, deux fois par jour, les observations météorologiques au ministère de la marine.

Les postes électro-sémaphoriques sont placés sous la surveillance de l’inspecteur du télégraphe de la localité. Les employés des postes électro-sémaphoriques (guetteurs) sont au nombre de deux dans chaque poste. Les capitaines de frégate sont chargés du service d’inspection des électro-sémaphores, concurremment avec l’inspecteur du télégraphe.

Les postes électro-sémaphoriques reçoivent également des dépêches des navires qui se trouvent en station dans la rade. Seulement, ce n’est pas un câble sous-marin qui leur transmet les observations prises en mer. Les navires correspondent avec les postes électro-sémaphoriques, en se servant du code commercial de signaux maritimes, ou code Reynold, que nous avons décrit dans la Notice sur le télégraphe aérien des Merveilles de la Science [1].

Le télégraphe électrique et les pêcheries. — Autrefois, les pêcheurs de harengs perdaient beaucoup de temps et laissaient souvent échapper leur prise, s’ils n’étaient pas avisés des points de la côte où le poisson se montre,

  1. Tome II, pages 81-84.