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égayés, suivant l’heureux style de cette époque, de fontaines jaillissantes et de grottes rocailleuses. Les délicieux jardins du palais de Heidelberg, qui ont été décrits dans un volume in-folio publié à Francfort en 1620, sous le titre de Hortus Palatinus, ont fait l’admiration de l’Allemagne jusqu’à l’époque où ils furent détruits pendant l’un des siéges, suivis de pillage, qui désolèrent Heidelderg de 1622 à 1688.

C’est pendant le cours de ces derniers travaux, lorsqu’il dirigeait la construction des jardins de Heidelberg, que Salomon de Caus publia, chez Jean Norton, libraire anglais établi à Francfort, son ouvrage sur les Forces mouvantes. Après la dédicace, adressée au roi très-chrétien (Louis XIII), vient une poésie laudative, due à la plume d’un certain Jean Le Maire, peintre et bel esprit du temps. Un acrostiche du poëte sur le nom de Salomon de Caus nous apprend que l’auteur de cet ouvrage n’était encore qu’en son printemps.

Salomon de Caus fit paraître, la même année, un traité sur la musique, intitulé : Institution harmonique divisée en deux parties : en la première sont montrées les proportions des intervalles harmoniques, et en la deuxième les compositions d’icelles. Dans la préface de cet ouvrage, dédiée à la très-illustre et vertueuse dame Anne, royne de la Grande-Bretagne, l’auteur entreprend une dissertation historique pour prouver l’excellence de la musique, et il invoque l’histoire sacrée et l’histoire profane pour établir l’utilité de cet art, qui, selon lui, « doit être colloqué au-dessus de toutes les sciences humaines ». Entre autres preuves des bons effets de la musique, il nous apprend que « la pudicité de Clitemnestre, femme d’Agamemnon, fut conservée aussi longtemps qu’un certain musicien dorien demeura avec elle ».

Cependant l’ingénieur normand en était arrivé à son automne. Il avait quarante-sept ans, et depuis dix ans il résidait chez le palatin de Bavière. Le désir de revoir son pays, abandonné depuis sa jeunesse, ou la mobilité de son humeur, le décida à se séparer du prince. Il revint en France en 1623 et y vécut de son double métier d’ingénieur et d’architecte.

Il paraît, d’après un document que nous aurons à citer plus loin, que Salomon de Caus fut attaché par Louis XIII, aux travaux que le roi faisait exécuter dans sa capitale.

Fig. 8. — Salomon de Caus.

Salomon de Caus publia à Paris, en 1624, un ouvrage qui a pour titre : la Practique et la démonstration des horloges solaires, avec un discours sur les proportions. Ce dernier livre est dédié au cardinal de Richelieu.

À cela se bornent tous les renseignements que l’histoire a pu recueillir sur Salomon de Caus. La galerie d’antiquités de la ville de Heidelberg conserve son portrait peint sur bois, à la date de 1619. C’est un fac-simile de ce tableau que nous donnons dans la gravure qui représente le portrait de Salomon de