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Ressel est mort en 1848.

On jugera, par le court et fidèle exposé qui précède, si c’est avec raison que l’Autriche a essayé de revendiquer en sa faveur, l’invention de l’hélice appliquée à la navigation.

Revenons au capitaine Delisle, et au beau travail, à la fois expérimental et théorique, par lequel le savant français ramena l’attention et la faveur à l’hélice motrice.

Toutes les tentatives faites jusqu’à cette époque, pour appliquer l’hélice à la navigation, avaient complétement échoué ; on s’accordait donc alors à condamner son usage d’une manière absolue. M. Delisle démontra, dans le beau travail qu’il entreprit à cette occasion, la vérité de la thèse contraire. Il s’efforça d’établir, par le calcul, la supériorité de ce système sur celui des roues à aubes, et proposa de disposer sous la quille des navires, deux hélices à trois pas de vis, placées l’une à l’avant, l’autre à l’arrière. Il fit même la proposition formelle de substituer des hélices aux roues à aubes sur les vaisseaux de guerre.

Le ministère de la marine rejeta le projet du capitaine Delisle, qui était cependant presque identique avec celui que M. Éricsson employait avec succès, huit années après, en Angleterre.

En 1843, un constructeur de Boulogne, Frédéric Sauvage, continua les recherches du capitaine Delisle. Les longs et persévérants travaux qu’il exécuta, mirent hors de doute les avantages de l’hélice comme propulseur sous-marin. C’est surtout à Sauvage qu’est due la démonstration de ce fait important, que, pour produire son maximum d’effet, la vis doit être réduite à la longueur d’une seule révolution. Cependant, malgré vingt années d’efforts, Frédéric Sauvage ne put parvenir à exécuter des essais sur une échelle suffisante pour établir d’une manière irrécusable la vérité de ses assertions.

Ruiné par ses recherches, vieux et malade, Sauvage fut arraché à la misère par le roi Louis-Philippe, qui, en 1846, lui accorda une pension. Il fut frappé d’aliénation mentale en 1854. Recueilli à cette époque, par l’ordre de l’Empereur, dans la Maison de santé de la rue Picpus, à Paris, il y passait son temps entre son violon et une volière d’oiseaux. Frédéric Sauvage est mort en 1857.

Fig. 113. — Frédéric Sauvage.

Pendant que Frédéric Sauvage poursuivait ses travaux en France, un grand nombre d’autres constructeurs exécutaient, en Angleterre et aux États-Unis, des recherches du même genre. MM. Éricsson, Beyre, Napier, Blaxman et Timothy, se distinguèrent particulièrement dans cette voie.

Pendant les années 1836 et 1837, M. Éricsson soumit à des essais très-variés, un système propulseur, composé de deux hélices, qui ne différait que très-peu de celui de notre compatriote Delisle.

Ces tentatives ayant été jugées, en Angleterre, avec beaucoup de faveur, le système de M. Éricsson fut définitivement appliqué à un petit bâtiment, le Francis-Ogden, qui fut soumis, comme remorqueur, à différents essais.