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nisme d’un appareil aussi puissant. Étant bientôt parvenu à en comprendre tous les organes, il demanda et il obtint la faveur de nettoyer la machine, c’est-à-dire de démonter et de remonter tous ses rouages.

Il se fit connaître ainsi, dans la contrée, comme l’ouvrier le plus expert et le plus adroit pour réparer les machines à vapeur ; et bientôt les usines voisines lui fournirent une petite clientèle pour ce genre de travail.

À force de mérite et d’application, il finit par attirer sur lui l’attention de ses chefs ; et sans aucune instruction première, par la seule puissance de son intelligence, il réussit à s’élever, dans la hiérarchie industrielle, à des positions de plus en plus importantes.

S’étant marié, il eut un fils, sur lequel se portèrent toutes les affections de son âme impressionnable.

George Stephenson avait compris, en se heurtant aux mille difficultés d’une carrière si épineuse, combien lui avait été nuisible le défaut de certaines connaissances scientifiques, qui sont la base de toute carrière industrielle ; et pour aplanir à son jeune fils Robert, les obstacles qui avaient retardé et attristé son chemin, il passait les nuits à raccommoder des montres, pour payer les leçons qu’il faisait donner à son fils. Souvent, en se rendant à leur chantier, au lever du jour, les ouvriers de l’usine voyaient une lumière briller encore dans la petite chambre des deux Stephenson. L’aube matinale surprenait ce père tendre et dévoué, s’occupant encore avec ardeur à son pieux ouvrage.

C’est George Stephenson qui créa le chemin de fer de Darlington à Stockton, et construisit les locomotives qui servaient au transport de la houille sur cette première voie ferrée. Il adopta, le premier, le fer malléable, au lieu de la fonte, pour la confection des rails. Ingénieur de la compagnie du railway de Manchester à Liverpool, c’est à lui que revient la gloire d’avoir créé, à travers des difficultés sans nombre et des obstacles inouïs, le premier chemin de fer à grande vitesse, lequel servit ensuite de modèle pour l’exécution de tous les autres chemins de fer de l’Europe.

Fig. 132. — Robert Stephenson.

Parvenu, par ses immenses travaux, aux positions les plus élevées du royaume, George Stephenson obtint encore la plus douce des récompenses. Ces leçons qu’il faisait donner à son fils, grâce au travail de ses nuits, avaient porté tous leurs fruits. Robert Stephenson prit part aux travaux de son père, qui l’associa à ses entreprises.

Cette association devait produire d’excellents résultats. George Stephenson y apportait le tribut de sa longue expérience de praticien, et Robert ses vastes connaissances de théoricien. Robert Stephenson avait participé aux recherches de son père concernant les locomotives, et c’est lui-même qui construisit l’admirable locomotive la Fusée, qui obtint le prix au concours de Liverpool.

Robert Stephenson, mort en 1859, fut le premier des ingénieurs des chemins de fer,