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M. Anjubault. Chaque constructeur a adopté une disposition particulière de la locomobile, qui répond aux indications spéciales de ses clients, ou qui lui paraît présenter, dans la pratique, de grands avantages.

Passons maintenant à l’examen spécial des locomobiles appliquées :

1o Au battage des grains ;

2o Au labourage ;

3o Au piochage.

La machine à battre les grains représente la plus générale, on pourrait dire, peut-être, l’unique application de la locomobile dans nos campagnes. La figure 214 (page 412), qui montre une machine à battre les gerbes, ou machine batteuse, permet de saisir le mécanisme de cet appareil.

La locomobile n’est pas représentée sur cette figure. On y voit seulement la courroie A, qui mise en action par la locomobile, et s’enroulant sur le système de poulies B, met tout l’appareil en marche. L’arbre moteur de la machine à battre tournant par l’action de la vapeur, fait avancer le palier, porteur des gerbes, pendant qu’à l’intérieur, une pièce de fer vient battre les gerbes et en extraire les grains. La gerbe une fois égrénée, la machine même rejette la paille sur le sol.

Nous pensons que nos lecteurs trouveront ici avec intérêt quelques renseignements pratiques sur le fonctionnement des machines à battre mues par la vapeur, sur la manière de les employer, les soins à leur donner, etc. Nous emprunterons ces indications à un ouvrage récent, à la Culture économique par l’emploi des instruments et machines, par M. Ed. Vianne.

Ce savant agriculteur s’exprime ainsi au sujet des machines à battre :

« Les batteuses mécaniques sont aujourd’hui complètement acceptées et les avantages qu’elles procurent sont reconnus par tous les agriculteurs sans exception. Nous ne pouvons que répéter ce que tous les cultivateurs savent, c’est que : les batteuses font le battage plus économiquement, mieux et plus promptement. Mais si tout le monde est d’accord sur l’utilité des batteuses, on est loin de l’être sur la valeur respective des différents systèmes de machines employées, particulièrement en ce qui concerne la conservation de la paille ; cette divergence d’opinions nous engage à dire quelques mots sur la valeur respective des différents systèmes.

« Les machines à battre peuvent se diviser en deux classes : 1o celles qui conservent la paille intacte, 2o celles qui la brisent plus ou moins. On désigne les premières sous le nom de machines en travers, elles sont fixes ou locomobiles, et les secondes sous celui de machines en bout, elles sont ordinairement fixes, mais leur petit volume les rend facilement transportables.

« Généralement les batteuses en travers secouent la paille et nettoient plus ou moins le grain, quelques-unes le rendent même assez propre pour qu’il puisse être livré à la vente sans autre manipulation. Jusqu’en ces derniers temps, ces machines étaient commandées par des manéges attelés de deux ou de trois chevaux et ne rendaient que de 12 à 20 hectolitres de grain par journée de travail, mais depuis que l’usage de la vapeur a pris de l’extension on a senti le besoin d’employer des machines beaucoup plus puissantes, afin de mieux utiliser la force de la vapeur, et plus expéditives, afin de pouvoir terminer tout le travail en quelques jours ; ainsi, avec les nouvelles machines à battre, telles que les fabriquent MM. Albaret, Bodin, Cumming et Gérard, on fait un travail énorme, qui atteint souvent de 120 à 140 hectolitres de blé par journée de travail.

« La seconde classe se subdivise en machines simples, c’est-à-dire battant seulement, et en machines avec secouage et nettoyage. La plupart de ces machines sont accompagnées d’un manége spécial fixe ou placé sur un bâti à quatre roues ; c’est derrière ce bâti que l’on place la batteuse pour la transporter d’une exploitation à une autre. Ces machines conviennent tout particulièrement pour les petites et les moyennes exploitations ; elles sont simples, d’un prix peu élevé, et, à emploi égal de force, font plus de travail que les batteuses en travers ; mais elles ne secouent pas la paille et ne nettoient pas le grain ; cette dernière opération nécessite, non-seulement une augmentation de personnel, surtout lorsque le battage se fait rapidement, mais encore elle se fait mal et occasionne toujours une perte plus ou moins grande de grains. C’est pour obvier à cet inconvénient très-grave, que quelques constructeurs munissent maintenant leurs batteuses d’un secoueur, qui ne complique pas beaucoup la machine et qui facilite notablement le travail.

« Les batteuses en bout qui secouent la paille et nettoient le grain, ne diffèrent de celles en travers, qui font les mêmes opérations, qu’en ce qu’elles sont moins larges.