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Fig. 232. — Machine électrique de l’abbé Nollet (1747).

convenable ; mais je trouve à propos qu’elle ait les qualités suivantes :

« 1o Qu’elle soit assez grande et assez forte pour servir à toutes sortes d’expériences de ce genre : ainsi, il serait bon que la roue eût au moins quatre pieds de diamètre, qu’elle fût portée sur un bâti bien solide, assez pesant, et qu’il y eût deux manivelles, afin qu’en employant deux hommes pour tourner en certains cas, on pût forcer les frottements du globe pour augmenter les effets. J’éprouve tous les jours qu’un seul homme ne suffit pas ;

« 2o Que l’axe de la roue soit à telle hauteur que l’homme qui est appliqué à la manivelle se trouve en force et dans une situation non gênée ; cette hauteur doit être d’environ trois pieds et demi au-dessus du plancher, sur lequel la machine et l’homme sont placés ;

« 3o Que la corde de la roue communique immédiatement et sans renvois avec la poulie du globe : premièrement, parce que les renvois, quels qu’ils puissent être, augmentent la résistance ; il y en a déjà assez de la part d’un globe de douze ou quatorze pouces de diamètre, dont on fait frotter l’équateur ; secondement, des poulies de renvoi font toujours beaucoup de bruit, et il y a des occasions où l’on a besoin de silence en faisant ces sortes d’épreuves ;

« 4o Que le globe soit le plus isolé qu’il sera possible, car on doit craindre que les corps voisins n’absorbent une partie de son électricité : ainsi, les poupées pour un globe d’un pied doivent avoir au moins dix pouces au-dessous des pointes ;

« 5o Que le globe soit à une hauteur convenable et se présente de manière que celui qui le doit frotter soit dans toute sa force ; il faut donc, pour bien faire, qu’il se trouve élevé de trois pieds ou environ au-dessus du plancher et qu’il tourne vis-à-vis de celui qui le frotte, en lui présentant son équateur, etc.[1] »

L’abbé Nollet donne ensuite la figure ci-dessus (fig. 232) représentant sa machine, et qui se comprend à la seule inspection.

Pour continuer cet exposé des diverses modifications qu’a reçues la machine électrique avant de prendre la forme qu’elle présente aujourd’hui, nous dirons que le révérend Père Gordon, professeur de philosophie à Erfurt, substitua le premier, au globe de verre, un cylindre de cette matière. Le cylindre qu’il employa avait huit pouces de longueur et quatre de diamètre ; on le faisait tourner au moyen d’un archet.

La machine de Gordon, très-simple et très-portative, se composait d’un cylindre de verre retenu entre deux calottes de bois à ses deux extrémités, et monté entre les deux poupées d’un petit tour, qu’on faisait mouvoir avec un archet. Le cylindre frottait contre un coussinet, à l’imitation des machines allemandes.

  1. Essai sur l’électricité des corps, p. 8, 17.