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Cette machine produisait des effets électriques très-intenses, elle était d’un maniement facile, et suppléait très-avantageusement, par l’emploi d’un coussinet, à l’action de la main de l’opérateur. Aussi fut-elle adoptée en Angleterre de préférence à celle que l’abbé Nollet préconisait en France. Seulement, comme le mécanisme employé par le père Gordon n’imprimait pas au cylindre de verre un mouvement aussi rapide, on changea le système moteur. Au lieu d’une simple roue de bois faisant tourner une corde, on fit usage d’une roue dentée engrenant avec un pignon fixé sur l’axe du cylindre.

Musschenbroek, dans son Cours élémentaire de physique, donne la figure suivante (fig. 233) comme représentant une des machines électriques que construisait alors, à Londres, un fabricant d’instruments, nommé Adams. Il en donne la description en ces termes :

« On a imaginé depuis peu en Angleterre une machine électrique que je trouve fort simple et que je préfère, non-seulement à celles dont je me suis servi, mais encore à toutes celles qu’on a imaginées jusqu’à présent. C’est ce qui m’engage à en donner la description.

Fig. 233. — Machine électrique anglaise construite par Adams (1750).

« Dans une espèce de tambour creux A est placée une roue dentée, en arbrée sur l’axe E ; cette roue est mise en mouvement par une vis sans fin à trois filets, dont l’axe est saillant en B ; cet axe étant tourné circulairement par le levier BC, à l’aide d’une manivelle, communique un mouvement de rotation très-rapide au cylindre de verre.

« Toute la machine est solidement attachée sur une table à l’aide des vis L, M ; sur la base de cette machine est établi un ressort d’acier H, auquel est attaché un coussinet de cuir GG. Par le moyen de la vis K, on peut bander ou débander le ressort et par conséquent appuyer plus ou moins le coussinet contre le cylindre de verre qu’il doit frotter. Ce cylindre, étant mû circulairement et étant frotté par le coussinet GG, devient fortement électrique. Dans la base de cette machine glissent deux règles de cuivre SR, SR, qu’on fixe par des vis ; sur ces deux premières règles s’élèvent deux autres règles SX, SY, qui en portent deux autres XZ, YZ, à chaque extrémité desquelles pendent des fils de soie bleue qui suspendent un tube de cuivre OP. À la partie antérieure de ce conducteur est fixé un double fil de cuivre doré, aplati à ses extrémités N ; ce fil, tout faible qu’il soit, est extrêmement élastique et reçoit toute l’électricité du cylindre qu’il touche[1]. »

Tibère Cavallo, dans son Traité complet d’électricité, a donné le dessin d’une machine construite également par Adams, et qui différait de la précédente en ce qu’elle pouvait fournir à volonté de l’électricité négative ou positive, selon que l’on faisait communiquer avec le sol les coussins ou le cylindre de verre[2]. Cette disposition fut plus tard imitée par Nairne et Van Marum, dans leurs belles et puissantes machines.

Ce n’est que vers l’année 1768 qu’un opticien anglais, nommé Ramsden, substitua au cylindre de verre de la machine électrique, un plateau circulaire de la même substance. Ce plateau tournait à frottement entre quatre coussins de peau, rembourrés de crin et pressant contre le verre au moyen d’un ressort.

Il paraît que ce qui détermina l’abandon du globe de verre pour y substituer, soit un

  1. Cours de physique expérimentale et mathématique, par Pierre Van Musschenbroch, traduit par M. Sigaud de Lafond, démonstrateur de physique expérimentale. In-4o, Paris, 1769, t. Ier, p. 353.
  2. Traité complet de l’électricité, par M. Tibère Cavallo, traduit de l’anglais. In-8, 1785, p. 126.