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ment, et de l’autre, une légende, entourée d’une guirlande de chêne[1].

Aldini fit, en France, des expériences semblables, mais en opérant seulement sur de grands animaux. Les plus importantes eurent lieu à l’École vétérinaire d’Alfort. On soumit à un courant électrique la tête d’un bœuf détachée du tronc et placée sur une table. On vit cette tête ouvrir les yeux et les rouler avec furie, enfler ses naseaux, secouer les oreilles, comme si l’animal eût été vivant. Les ruades du cadavre d’un autre cheval faillirent blesser plusieurs assistants, et brisèrent les appareils disposés sur la table.

On trouve la description très-détaillée de ces expériences dans l’ouvrage d’Aldini, auquel nous renvoyons les personnes qui veulent se faire une idée exacte des étonnants effets qu’exerce l’électricité sur le corps des animaux.

Pendant plusieurs années, on s’attacha, dans diverses parties de l’Europe, à reproduire les phénomènes mis en évidence par l’habileté de Jean Aldini dans ces sortes d’expériences.

En Angleterre, l’anatomiste Carpne obtint de très-curieux résultats sur le cadavre de l’assassin Michel Carney[2]. Comme ces phénomènes ne présentèrent rien de plus remarquable que ceux qu’Aldini avait obtenus sur le corps de Forster, nous les passerons sous silence pour arriver aux essais du même genre, qui furent faits peu de temps après par une réunion de médecins de Mayence.

Le 21 novembre 1803, le fameux chef de brigands Schinderhannes, fut exécuté, avec dix-neuf de ses complices, sur la place publique de Mayence, alors ville française. Grâce à la protection des autorités, plusieurs médecins de cette ville prirent les mesures nécessaires pour faire profiter la science de cette rare et triste occasion de recherches physiologiques.

Le but des médecins mayençais était de déterminer quels sont les degrés d’action et d’énergie de l’agent galvanique sur les divers organes du corps humain, et de rechercher en même temps, si l’électricité statique, développée par les machines à frottement, produit, dans ces circonstances, le même effet que l’électricité dynamique fournie par la pile de Volta.

À cent cinquante pas de l’échafaud, on disposa une cabane destinée à recevoir les décapités. Elle était pourvue de tous les instruments nécessaires pour soumettre les corps, que l’on devait y apporter successivement, à l’action de l’électricité statique et de l’électricité dynamique.

Le jour de l’exécution, l’atmosphère était humide et nébuleuse, la température de la cabane était de 15 degrés centigrades.

Le premier cadavre fut apporté quatre minutes après la décollation. Il était jeune, robuste et encore très-chaud. Les muscles se contractaient spontanément. Les artères du cou battaient visiblement, et le sang jaillissait encore à chaque pulsation.

Le second cadavre ne fut apporté que vingt-deux minutes après l’exécution. Il conservait encore un reste de chaleur.

Le troisième n’arriva que plus tard. Il était vieux et froid et avait perdu presque toute irritabilité.

Le quatrième ne fut apporté que deux heures après l’exécution ; il était par conséquent plus froid que les précédents. C’est sans doute en raison de cette circonstance que les expérimentateurs se contentèrent d’opérer sur ces quatre corps et abandonnèrent le reste des individus suppliciés.

Comme les moyens opératoires employés par les physiologistes mayençais, ne différè-

  1. Voici cette légende :

    Johanni Aldino
    præclaro physico
    digno Galvani nepoti
    recens experimentis commonstratis
    professores et scholares
    Nosocom. S. Thomæ et Guy
    libenter persolvunt
    mdccciii. Londini.

  2. Bibliothèque britannique, nos 207, 208, p. 373 (Sciences et Arts). — Sue, Histoire du galvanisme, t. III, p. 248.