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mêmes caractères. La composition qui aura servi au Moniteur, par exemple, étant portée au bureau télégraphique voisin, pourrait paraître presque au même instant, à Marseille. Voilà un résultat qui suffit pour faire apprécier l’importance et l’avenir de ce système.

Si l’on veut maintenant établir une comparaison entre la rapidité avec laquelle fonctionne un appareil Morse, et celle qui nous est promise par l’appareil de M. Bonelli, il ne restera aucun doute sur la supériorité de ce dernier. Cinq compositeurs, qui ne seront que de simples ouvriers, pouvant chacun composer 30 dépêches de 20 mots par heure, on aura 150 dépêches par heure et par station, soit 300 par heure en tout. Dans une journée de travail, cela ferait 100 000 mots, ce qui représente le contenu d’un petit volume in-12 de 300 pages. Avec le même nombre d’employés, on obtiendrait donc trois fois autant d’ouvrage qu’avec le télégraphe Morse ; en outre, les dépêches seraient immédiatement imprimées en double, presque sans erreur possible, par un procédé mécanique aussi sûr que facile à exécuter.

Avec de tels appareils, la télégraphie électrique pourra être mise en pratique par les typographes, et deviendra ainsi un métier accessible au commun des ouvriers. C’est là évidemment un progrès manifeste : l’art de la télégraphie électrique se vulgarisera.

Nous avons décrit le télégraphe typographique avec trois fils conducteurs, c’est-à-dire exigeant l’emploi de trois courants voltaïques, tandis qu’il suffit d’un fil au télégraphe Morse, au télégraphe Hughes et au télégraphe à cadran. Tel est, en effet, le système qui fonctionne entre Manchester et Londres. Mais M. Bonelli a récemment simplifié son appareil : il se contente d’un seul conducteur. Les expériences faites à Florence, au mois de février 1867, avec le télégraphe typographique à un seul fil, ont donné un résultat des plus extraordinaires : dans une heure, ce télégraphe a pu composer jusqu’à cent dépêches de vingt mots. Nous ne pouvons toutefois, décrire ici cette disposition nouvelle du télégraphe typographique, qui permet de se contenter d’un seul fil pour la transmission de l’électricité, sans nuire à la netteté de l’impression ni à la rapidité de l’expédition ; car M. Bonelli n’a pas encore rendu publique cette importante modification de son système.

Le dernier appareil dont nous ayons à parler, c’est le pantélégraphe, de M. Caselli.

M. l’abbé Giovanni Caselli était professeur de physique à l’université de Florence, lorsqu’il fut tenté par la solution d’un problème physico-mécanique qui avait paru jusque-là impossible : la reproduction, par l’électricité, des signes de l’écriture à la main, des traits du dessin, et en général, de toute œuvre de la main de l’homme. Quelques tentatives avaient été faites dans cette direction, mais leur insuccès avait confirmé tous les mécaniciens dans l’idée de l’impossibilité de trouver la solution pratique de ce problème.

C’est le physicien anglais Bain, l’inventeur du télégraphe électro-chimique, qui, le premier, s’occupa d’exécuter un télégraphe autographique, en d’autres termes un appareil reproduisant le fac-simile d’une écriture ou d’un dessin quelconque, et réalisant ainsi un effet bien plus compliqué que nos télégraphes imprimeurs, où tout se borne à imprimer sur le papier des caractères uniformes.

Voici en quoi consistait le principe de l’appareil de Bain.

À chacune des stations, un plateau métallique tourne sous l’influence d’un mouvement d’horlogerie, qui, en même temps, communique un mouvement de va-et-vient à un style, lequel appuie sur le plateau. Les oscillations des styles aux deux stations, doivent être absolument isochrones, c’est-à-dire d’une amplitude parfaitement égale dans