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cette assemblée, proclamait l’adoption du pantélégraphe Caselli par l’administration française et son établissement sur la ligne de Paris à Lyon. Depuis cette époque, c’est-à-dire en 1867, il a été décidé que le même appareil serait placé également sur la ligne de Marseille à Lyon.

Le 16 février 1865, le public fut admis, pour la première fois, à transmettre des dépêches autographiques entre Paris et Lyon. Une ordonnance ministérielle régla la taxe des dépêches, plans, dessins et figures quelconques expédiés par le pantélégraphe Caselli. Cette taxe est calculée d’après la dimension de la surface du papier employé, à raison de 20 centimes par centimètre carré. D’après ce tarif, le prix d’une dépêche est le suivant :

  Pour 30 centimètres carrés …… 6 francs.
60 …… 12
90 …… 18
120 …… 24

L’administration des lignes télégraphiques met en vente des papiers métalliques, qui sont destinés aux transmissions autographiques, au prix de dix centimes la feuille, quelle qu’en soit la dimension. Ces feuilles sont de quatre grandeurs : de 30, de 60, de 90 et de 120 centimètres carrés. L’expéditeur peut, en se servant d’une écriture très-serrée, dire beaucoup de choses sur la plus petite des feuilles autorisées ; mais cet avantage est peut-être moins sérieux qu’on ne pourrait le croire au premier abord, car les traits bleus sont toujours légèrement nuageux, comme des traits à la plume sur un papier qui boit ; il y a donc une limite de finesse pour l’écriture des dépêches, qu’on ne saurait dépasser sans rendre la copie illisible.

Mais il est temps d’arriver à la description de cet appareil et à ses merveilleux résultats.

Deux pendules, dont les oscillations sont parfaitement isochrones, sont placés, l’un à la station du départ, l’autre à la station d’arrivée. Ils servent à imprimer un mouvement absolument égal à la pointe traçante qui doit parcourir toute leur surface.

À la station du départ, on écrit, à la plume, la dépêche à transmettre, en se servant d’encre ordinaire et d’un papier argenté. Le papier argenté, portant l’original de la dépêche, est placé sur une tablette courbe de cuivre. Une fine pointe en platine, qui est animée d’un mouvement horizontal, et qui obéit à la pression d’un faible ressort, s’appuie sur la surface de la tablette, et parcourt continuellement cette surface par un mouvement très-rapide. Par suite du mouvement de translation horizontale de cette pointe, tous les points de la tablette sont mis successivement en contact avec la pointe du style. Or, ce style métallique, et par conséquent conducteur de l’électricité, est lié au fil de la ligne télégraphique. Comme le fond métallique sur lequel la dépêche est écrite est conducteur de l’électricité, tandis que les caractères sont composés d’encre, substance non conductrice de l’électricité, il en résulte que le courant électrique est établi ou suspendu dans le fil de la ligne télégraphique, selon que le style vient se mettre en contact avec le papier métallique de la dépêche ou avec les caractères tracés à sa surface.

On comprend maintenant ce qui va se passer à la station d’arrivée. Là se trouve une tablette de cuivre toute pareille à celle de la station du départ. Sur cette tablette est tendue une feuille de papier ordinaire, contenant un peu de prussiate de potasse. Un style de fer, qui est en communication avec un style tout semblable, par l’intermédiaire du fil de la ligne télégraphique, parcourt, par un mouvement très-rapide, toute la surface de ce papier. Chaque fois que le style de la station du départ rencontre le fond métallique de la dépêche, le courant électrique s’établit, et le style de fer, à la station d’arrivée, imprime un point, une tache sur le papier chimique, parce que le fer du style, sous l’influence de l’électricité, décompose le