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Les appareils voltaïques qui servent à produire des dépôts métalliques en couches minces, sont toujours des appareils composés, ce qui veut dire, en termes plus nets, que la pile est hors du bain, au lieu d’être dans le bain même, comme dans la plupart des appareils qui servent à la galvanoplastie. De là la nécessité de remplacer l’or qui se dépose, au fur et à mesure des progrès de l’opération, sur l’objet plongeant dans le bain. C’est ici que la découverte de M. Jacobi, c’est-à-dire l’anode métallique soluble, a trouvé une heureuse application. Une lame d’or pur est attachée au fil qui représente le pôle positif de la pile : à ce pôle, on le sait, se porte le cyanogène, provenant du cyanure d’or décomposé. Ce cyanogène attaque l’or, et il se forme ainsi du cyanure d’or, lequel, à mesure qu’il prend naissance, se dissout dans l’excès de cyanure de potassium du bain.

Ainsi l’or, qui est enlevé à chaque instant à la liqueur, en se déposant au pôle négatif, sur les objets à dorer, est, à chaque instant, remplacé par une même quantité de ce métal, fournie par la lame d’or attachée au fil positif, c’est-à-dire par l’anode métallique soluble. L’expérience et le tâtonnement ont bien vite appris la proportion exacte qu’il importe de donner, pour la régularité de l’opération, à la dimension de l’anode soluble.

Fig. 209. — Appareil pour la dorure électro-chimique.

La figure 209 représente l’appareil employé pour la dorure voltaïque, c est le fil partant du pôle négatif de la pile de Bunsen ; on attache à ce fil de platine l’objet à dorer D. a est le fil positif auquel est attaché l’anode d’or soluble B.

Il est toutefois une opération préalable à exécuter, avant de placer les objets dans le bain de dorure : c’est de les recouvrir d’une légère couche de mercure. À cet effet, on les plonge, pendant quelques instants, dans une liqueur ainsi composée :

Eau 
10 kilogrammes.
Azotate de bioxyde de mercure 
10 grammes.
Acide sulfurique 
20 grammes.

Le dépôt du mercure qui s’opère à la surface des objets de cuivre passés dans cette liqueur, a pour but de faciliter et d’augmenter l’adhérence entre le cuivre et l’or qui sera déposé par la pile. En effet, pour que l’or et le cuivre adhèrent avec beaucoup de force l’un à l’autre, il faut que les deux surfaces aient été fondues ou qu’elles aient été amalgamées. Il est aujourd’hui reconnu que sans cette amalgamation préalable, imitée de l’ancien procédé de la dorure au mercure, l’adhérence entre le cuivre et l’or n’existerait pas. Cette pratique, adoptée dans les ateliers de MM. Christofle depuis 1842, s’est généralisée dans tous les ateliers de dorure électro-chimique. Elle a, en outre, l’avantage de signaler les décapages défectueux.

« On peut poser en principe, dit M. Roseleur, que l’azotate de mercure est la pierre de touche du décapage. Un décapage parfait sortira toujours parfaitement blanc et brillant d’une solution mercurielle un peu forte, tandis qu’un décapage qui laisse à désirer en sortira moiré ou teinté de différentes nuances, le plus souvent sans éclat métallique[1]. »

  1. Manipulations hydroplastiques, p. 27.