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Telle est la question qu’il fallait se poser, et telle fut aussi la question que se posa M. Léopold Oudry, propriétaire d’une usine électro-chimique à Paris, lorsque, en 1854, il eut à faire des essais pour le cuivrage de plusieurs pièces de fonte d’une certaine dimension.

M. Oudry réussit à cuivrer solidement et promptement de petites pièces, au moyen du décapage du métal dans un acide, et de deux bains consécutifs de cuivre déposé par la pile. Il voulut alors appliquer le même moyen au cuivrage voltaïque de grandes pièces en fonte et en fer, qui exigeaient une couche de cuivre d’une forte épaisseur. Mais après des années employées en essais de toute sorte, il se vit forcé de renoncer à tout espoir de réussir dans cette voie.

Quelques considérations chimiques feront comprendre toute la difficulté que présente le cuivrage de la fonte à grande épaisseur dans un bain voltaïque, avec le procédé que nous avons décrit dans les pages qui précèdent, et qui est suivi partout.

Le cuivrage voltaïque d’objets de petites dimensions, non exposés à l’humidité ou à d’autres causes d’altération, est facile et peu dispendieux. Il suffit de décaper la fonte ou le fer dans de l’eau plus ou moins acidulée ; de faire ensuite dégorger les objets dans de l’eau légèrement alcaline ou dans de l’eau de chaux, puis de les placer dans un bain de cyanure double de potassium et de cuivre. À l’aide de la pile voltaïque, on les recouvre rapidement d’une pellicule de cuivre, qui est très-adhérente, après le gratte-bossage.

Mais lorsqu’il s’agit de cuivrer solidement des pièces en fer ou en fonte, qui doivent être exposées à l’oxydation, et qui présentent une grande surface, et en même temps beaucoup de creux et de reliefs, comme des statues, des vases, des candélabres, des vasques pour fontaines publiques ; ou bien encore, des pièces composées de plusieurs parties assemblées au moyen de vis, de rivets ou de boulons, et qui doivent être exposées soit à des frottements, comme les pistons, les hélices, les plaques de blindage, etc., soit à de fortes pressions, comme les rouleaux d’impression sur étoffes, et autres pièces analogues, un cuivrage superficiel ne pourrait suffire à les protéger. Il faut, de toute nécessité, un cuivrage à forte épaisseur.

Pour obtenir cette forte épaisseur de cuivre, il est indispensable de transporter ces pièces du premier bain de sulfate de cuivre dans un second, et de les y laisser séjourner pendant plusieurs jours, souvent même pendant plusieurs semaines, c’est-à-dire jusqu’à ce que le dépôt de cuivre ait acquis le degré d’épaisseur voulue. C’est une véritable opération de galvanoplastie, et non de cuivrage superficiel, qu’il faut exécuter.

Cette nouvelle opération est la pierre d’achoppement de tous les systèmes de cuivrage. Car, sauf de très-rares exceptions, il n’est pas possible de cuivrer solidement, au moyen du décapage et de deux bains successifs, des pièces qui sont composées de plusieurs parties assemblées, ou des œuvres d’art de grandes dimensions, telles que des statues, des vasques, des vases, des candélabres, etc.

La fonte est, en effet, un produit très-complexe, renfermant, outre le carbone et le fer, beaucoup de corps étrangers, tels que l’alumine, le soufre, le phosphore, la silice, le manganèse, etc. Ces matières étrangères, le soufre surtout, sont la cause de nombreuses soufflures ou piqûres dans la substance du métal. L’excès de carbone lui-même augmente la porosité de la fonte, et rend ainsi le décapage presque toujours imparfait sur de grandes pièces.

Or, une pièce en fonte, insuffisamment décapée, est par cela même mal préparée à recevoir la pellicule de cuivre du premier bain. Elle sera infailliblement attaquée ou corrodée, quand, du premier bain, elle passera dans le second, qui est acide, et où elle devra séjourner longtemps. Que faire alors ? La retirer du bain dès qu’on s’aperçoit qu’elle est attaquée, la