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perdre, Conté les retrouverait. » C’est encore de lui que Monge disait : « Il a toutes les sciences dans la tête et tous les arts dans la main. » Conté fut un des savants attachés à l’expédition d’Égypte, et, plus tard, il fit sa fortune dans la fabrication des crayons qui portent son nom. Il fut le beau-père du chimiste Thenard.

Fig. 286. — Coutelle, commandant des aérostiers militaires sous la République.

L’aérostation militaire était donc placée, dès son début, en très-bonnes mains.

Coutelle et Jacques Conté construisirent un ballon de soie, capable d’enlever deux personnes, et disposèrent un nouveau fourneau, dans lequel on plaça sept tuyaux de fonte. Ces tuyaux, longs de 3 mètres, sur 3 décimètres de diamètre, étaient remplis, chacun, de 200 kilogrammes de rognures de fer, que l’on foulait, à l’aide du mouton, pour les faire pénétrer dans le tube. Le gaz fut ainsi obtenu facilement et avec abondance. Un litre d’eau fournissait un mètre cube de gaz hydrogène, et il ne fallait pas plus de douze à quinze heures, pour remplir l’aérostat.

La grande difficulté était d’empêcher le gaz hydrogène de s’échapper à travers l’enveloppe de soie du ballon. En effet, s’il avait fallu dans les camps, au milieu des opérations d’une campagne, recommencer, tous les deux ou trois jours, la préparation du gaz hydrogène et le remplissage de l’aérostat, l’entreprise eût été impraticable. Il était donc de la plus haute importance de rendre l’étoffe de l’aérostat tout à fait imperméable à l’hydrogène. Mais personne encore n’avait pu arriver à un résultat satisfaisant sous ce rapport.

Ce problème, qui avait arrêté jusque-là tous les opérateurs, Coutelle et Conté le résolurent. Ils trouvèrent le moyen de rendre l’étoffe du ballon si complètement imperméable à l’hydrogène, qu’à l’armée de Sambre-et-Meuse, l’aérostat l’Entreprenant demeura deux mois entiers plein de gaz, et qu’il n’était pas rare, à l’école de Meudon, de conserver des aérostats pleins de gaz pendant trois mois.

Il serait d’une haute importance, pour la pratique de l’aérostation, de posséder le moyen de retenir très-longtemps le gaz hydrogène dans l’enveloppe d’un aérostat. On serait ainsi dispensé de faire usage du gaz de l’éclairage, qui ne s’échappe pas à travers la soie vernie, mais qui est loin d’avoir la légèreté spécifique du gaz hydrogène pur, ce qui force à employer des ballons d’un volume double pour enlever le même nombre de personnes. Malheureusement le procédé qu’employaient les physiciens de la république, pour rendre l’enveloppe d’un aérostat impénétrable au gaz hydrogène, est aujourd’hui inconnu.

Tout étant ainsi parfaitement prévu et le matériel nécessaire étant réuni, Coutelle et Conté firent savoir au Comité de salut public, qu’ils étaient en mesure de soumettre à la Commission scientifique les expériences sur lesquelles devait être fondé l’art de l’aérostation militaire.

Coutelle procéda à ces expériences, en présence de Guyton de Morveau, de Monge et de Fourcroy. Il s’éleva, à diverses reprises.