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machine de chavirer. Elle devait être montée par dix hommes. Le dessin que j’en ai reçu est bien conforme à celui que MM. Esnaut et Rapilli en ont fait graver. Les détails qu’ils y ont joints ne sont pas bien corrects, et c’est surtout mal à propos que le nom de Gusman se trouve joint à Barthélémy Lourenço[1]. »

Fig. 293.

La figure 293 représente la gravure dont parle David Bourgeois, et qui existe à notre bibliothèque impériale des estampes.

Pendant l’année 1768, un mécanicien, nommé Le Besnier, originaire de la province du Maine, fit, à Paris, diverses expériences d’une machine à voler. L’instrument dont il se servait, était composé de quatre ailes, ou pales, de taffetas, brisées en leur milieu, et pouvant se plier et se mouvoir à l’aide d’une charnière, comme un volet de fenêtre. Ces ailes étaient fixées sur ses épaules, et Le Besnier les faisait mouvoir alternativement, au moyen des pieds et des mains.

Le Journal des savants du 13 septembre 1768, décrit ainsi l’appareil du serrurier du Maine.

« Ces ailes sont chacune un châssis oblong de taffetas, attachées à chaque bout de deux bâtons que l’on ajustait sur les épaules. Ces châssis se pliaient du haut en bas comme des battants de volets brisés. Ceux de devant étaient remués par les mains, et ceux de derrière par les pieds, en tirant chacun une ficelle qui leur était attachée.

L’ordre du mouvement était tel, que, quand la main droite faisait baisser l’aile droite de devant, le pied gauche faisait remuer l’aile gauche de derrière, ensuite la main gauche et le pied droit faisaient baisser l’aile gauche de devant et la droite de derrière.

Ce mouvement en diagonale paraissait très-bien imaginé, parce que c’est celui qui est naturel aux quadrupèdes et aux hommes quand ils marchent, ou lorsqu’ils nagent. On trouvait néanmoins qu’il manquait deux choses à cette machine pour la rendre d’un plus grand usage : la première, qu’il faudrait y ajouter une grande pièce très-légère, qui, étant appliquée à quelque partie choisie du corps, pût contre-balancer dans l’air le poids de l’homme ; la seconde, que l’on y ajustât une queue qui servît à soutenir et à conduire celui qui volerait ; mais on trouvait bien de la difficulté à donner le mouvement et la direction à cette espèce de gouvernail, après les expériences qui avaient été inutilement faites autrefois par plusieurs personnes. »

Le Besnier ne prétendait pas s’élever de terre, ni planer longtemps en l’air, mais il assurait qu’en partant d’un lieu médiocrement élevé, il pourrait se transporter aisément d’un endroit à un autre, de manière à franchir, par exemple, un bois ou une rivière.

La figure 294 représente cet appareil de Le Besnier.

Fig. 294. — Les ailes de Le Besnier.

Le Journal des savants ajoute que Le Besnier fit usage de ses ailes avec un certain succès, et qu’un baladin, qui en acheta une paire

  1. Recherches sur l’art de voler, depuis la plus haute antiquité jusqu’à ce jour, pour servir de supplément à la description des expériences aérostatiques de M. Faujas de Saint-Fond, par David Bourgeois, in-8, Paris, 1784, pages 59-63.