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Passons au remplissage des ballons par le gaz de l’éclairage.

L’hydrogène est le gaz le plus diffusible que l’on connaisse, c’est-à-dire qu’il possède au plus haut degré, la propriété de traverser les parois des vases dans lesquels on l’enferme. Il n’y a pas, pour ainsi dire, de vases dans lesquels on puisse le conserver ; il passe même au travers du caoutchouc, qui est cependant imperméable à beaucoup de gaz. Cette facilité à traverser les enveloppes ne tient, d’ailleurs, qu’à sa très-faible densité. Plus un gaz est léger, plus il peut s’écouler facilement à travers les pores des substances qui le renferment. L’hydrogène est difficile à contenir dans une enveloppe de nature organique, parce qu’il est prodigieusement léger ; voilà tout le mystère.

Quelque bien vernie que soit l’enveloppe de taffetas, il arrive donc toujours un moment où le ballon s’affaisse, car l’hydrogène s’échappe peu à peu, tandis qu’il ne rentre à sa place qu’une quantité d’air bien plus faible. On comprend donc que l’on ait cherché à remplacer l’hydrogène par un autre gaz, plus léger que l’air, mais n’offrant pas l’inconvénient propre à l’hydrogène pur.

Le gaz que l’on a substitué à l’hydrogène pur est celui de l’éclairage, vu la facilité avec laquelle on se le procure dans les grandes villes. Seulement, sa densité plus grande oblige à donner à l’aérostat un volume double, pour obtenir la même force ascensionnelle.

Le gonflement d’un ballon par le gaz de l’éclairage, nécessite très-peu d’appareils. Il suffit d’adapter aux conduits souterrains qui distribuent le gaz dans les villes, un tuyau de caoutchouc, ou de cuir, d’un assez grand diamètre, qui l’amène jusqu’à l’intérieur du ballon.

L’expérience, avons-nous déjà dit, a établi qu’un mètre cube de gaz hydrogène pur, préparé pour les ascensions aérostatiques, pèse 100 grammes, et qu’il peut, dès lors, enlever un poids de 1 200 grammes par mètre cube de la capacité du ballon, car un mètre cube d’eau pèse environ 13 000 grammes, et la différence, soit 12 000 grammes, représente dès lors la force ascensionnelle d’un mètre cube de gaz hydrogène. Un mètre cube de gaz d’éclairage pèse de 600 à 650 grammes, et peut enlever, dès lors, un poids de 650 grammes seulement par mètre cube. Il faut donc pour obtenir la même force ascensionnelle donner à un aérostat gonflé par le gaz de l’éclairage, un volume à peu près double de celui que l’on donnerait à un aérostat gonflé par le gaz hydrogène pur.

Arrivons aux montgolfières.

L’emploi des montgolfières est aujourd’hui très-limité, en raison des dangers auxquels elles exposent. Ces ballons sont dangereux, non-seulement pour ceux qu’ils emportent, mais encore pour les pays au-dessus desquels ils passent. De nombreux incendies ont été causés par la descente de ces montgolfières, qu’on avait autrefois l’habitude de lancer, en France, à l’occasion des fêtes publiques. Pour ces raisons, nous nous étendrons très-peu sur le gonflement de ces ballons.

La montgolfière étant construite, par les procédés que nous avons décrits, il suffit pour les lancer, d’allumer du feu au-dessous de l’orifice. L’air intérieur s’échauffe et provoque, par sa dilatation, l’ascension de l’appareil. Mais il faut le maintenir à la température à laquelle on l’a porté. Pour cela, le ballon est muni, à sa base, d’un fourneau, dans lequel on entretient du feu, par la combustion de certaines matières, telles que des étoupes imbibées d’esprit-de-vin, des boules pyrogéniques formées par l’agglomération de copeaux de bois avec du goudron, de la paille arrosée d’essence de térébenthine, etc.

C’est surtout la présence de ce fourneau qui est la source de nombreux dangers. D’abord, au moment du départ de la montgolfière il se produit des oscillations, qu’il est très-difficile d’éviter, et qui peuvent déterminer son inflammation ; puis, lorsqu’elle