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Fig. 341. — Expérience d’Horace Wels, pour l’extraction d’une dent, après l’inspiration du protoxyde d’azote, faite devant les élèves de l’hôpital de Boston.


docteur Mitchell rapporte qu’à Philadelphie, quelques enfants, ayant versé de l’éther dans une vessie, la plongèrent dans l’eau chaude pour vaporiser l’éther et respirèrent la vapeur qui se forma ; il en résulta de graves accidents, et la mort même en fut la suite. Ces faits étaient loin d’être isolés, et le danger attaché aux inhalations de l’éther était unanimement reconnu par les chimistes et les médecins américains. Or, dans l’expérience qu’il fit sur lui-même en 1842, Jackson eut occasion de se convaincre que les accidents observés dans ces circonstances ne devaient se rapporter qu’à l’oubli de quelques précautions indispensables, et que les vapeurs d’éther peuvent être respirées sans inconvénient quand on les mélange d’une certaine quantité d’air atmosphérique. En même temps il reconnut beaucoup mieux qu’on ne l’avait fait avant lui le caractère de l’ivresse amenée par l’éther, son peu de durée et l’insensibilité qui l’accompagne.

Dans une lettre à M. Joseph Abbot, le docteur Jackson rapporte ainsi l’expérience qui le conduisit à ces observations fondamentales :

« L’expérience qui me fit conclure que l’éther sulfurique produisait l’insensibilité fut faite de la manière suivante : Je pris une bouteille d’éther sulfurique purifié que j’avais dans mon laboratoire ; j’allai dans mon cabinet, je versai de cet éther sur un morceau de linge, et, l’ayant pressé légèrement, je m’assis dans une berceuse. Ayant appuyé ma tête en arrière sur la berceuse, je posai mes pieds sur une chaise, de manière que je me trouvasse dans une position fixe ; je plaçai alors le morceau de toile sur ma bouche et sous mes narines, et je commençai à respirer l’éther. Les effets que je ressentis d’abord furent un peu de toux, puis de la fraîcheur, qui fut suivie d’une sensation de chaleur, il me vint bientôt de la douleur à la tête et dans la poitrine, des envies de rire et du vertige. Mes pieds et mes jambes étaient engourdis et insensibles ; il me semblait que je flot-