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Fig. 345. — Suicide d’Horace Wels, l’un des inventeurs de l’anesthésie chirurgicale.


table fièvre de recherches et de publications s’empara du corps médical : chacun voulait contribuer pour sa part, à l’étude d’une question si féconde dans ses conséquences. C’est en vain que quelques apôtres de la douleur essayèrent de condamner cet universel élan. On laissa Magendie vanter tout à son aise, l’utilité de la douleur dans beaucoup d’opérations chirurgicales et « protester contre des essais imprudents, au nom de la morale et de la sécurité publiques. » La suprême morale, c’est d’alléger, autant qu’il est en nous, les souffrances de nos semblables.

Le zèle et l’ardeur des praticiens de la capitale ne tardèrent pas à se communiquer aux chirurgiens du reste de la France. Les hommes éminents qui conservent et perfectionnent dans nos provinces les traditions de la chirurgie française, s’empressèrent d’étudier, dans les hôpitaux de nos grandes villes, les admirables effets de l’éther. MM. Bonnet et Bouchacourt à Lyon, Sédillot à Strasbourg, Simonnin à Nancy, Jules Roux à Toulon, Bouisson à Montpellier, étendirent, par leurs observations et leurs recherches, le cercle de nos connaissances dans ce précieux sujet. L’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Russie, la Belgique et la Suisse s’associèrent à cet heureux ensemble d’efforts, et l’usage des inhalations éthérées se trouva promptement répandu dans l’Europe entière. Les noms de Jackson et Morton, considérés alors comme les seuls auteurs de cette découverte brillante, recevaient l’hommage universel de la reconnaissance publique, et se trouvaient placés d’un accord unanime au rang des bienfaiteurs du genre humain.

Au moment où la reconnaissance de l’Europe saluait de ses acclamations méritées les noms de Jackson et de Morton, l’un des prin-