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tra très-favorable à la nouvelle méthode télégraphique. Cependant le gouvernement ne prit aucune décision pour l’appliquer immédiatement.

Plus tard, François Sudre soumit de nouveau sa découverte à l’Académie des sciences, qui, dans un rapport dû à MM. Edwards aîné et Freycinet, capitaine de vaisseau, lui accorda beaucoup d’éloges.

En 1841, le ministre de la marine chargea François Sudre d’aller expérimenter son système sur l’escadre de la Méditerranée. La commission nommée par le vice-amiral Hugon, commandant en chef de l’escadre, s’assembla plusieurs fois en rade, et constata que la rapidité de la transmission de tous les ordres de la tactique navale était convenable, et que toutes les formules pouvaient être communiquées, la nuit comme le jour, par le clairon, à une distance d’environ 4 400 mètres.

Lorsque l’escadre sortit de Toulon, pour aller mouiller aux îles d’Hyères, d’autres épreuves eurent lieu, à dix heures du soir, au mouillage ; elles donnèrent le même résultat. L’amiral jugea alors à propos d’adopter ce moyen pour ordonner à ses navires de faire leurs préparatifs de départ. La téléphonie retentit aussitôt, et les signaux se traduisirent en langue vulgaire à bord de chaque navire.

Le lendemain, l’escadre levait l’ancre et se dirigeait vers nos possessions d’Afrique. Au retour, durant la traversée d’Alger à Toulon, les expériences qui eurent encore lieu en pleine mer, par tous les temps, ne laissèrent aucun doute dans l’esprit des membres de la commission : les évolutions, les grandes manœuvres même, s’exécutèrent au moyen de la téléphonie.

La commission déclara donc que le système téléphonique pouvait être fort utile à la marine, et elle appela sur ce sujet l’attention du gouvernement.

Le succès des expériences faites en mer réveilla le zèle de l’administration de la guerre. De nouvelles épreuves commencèrent au Champ-de-Mars, et la commission d’officiers généraux, devant qui elles eurent lieu, conclut à l’adoption de ce système dans l’armée, et à la création d’une école de téléphonie. Cette commission émit encore le vœu qu’une récompense de même nature que celles qu’on accorde aux auteurs des découvertes importantes, fût allouée à l’inventeur pour la cession de son système au gouvernement.

Le ministre désigna une seconde commission, également composée d’officiers généraux de toutes armes, afin qu’elle indiquât le moyen le plus sûr de répandre la téléphonie dans tous les corps de l’armée.

Cette dernière commission prit connaissance de tous les procédés, de tous les secrets des conventions télégraphiques de François Sudre. Après s’être assurée que ces moyens étaient d’une exécution facile pour les soldats et pour les officiers qui seraient chargés d’interpréter les signaux, elle proposa d’accorder une somme de 50 000 francs à l’inventeur, comme indemnité de ses longs travaux, et 3 000 francs de traitement annuel, comme directeur de l’école de téléphonie. Mais ces récompenses n’ont jamais été accordées.

Nous ignorons pour quelles causes le projet d’introduire dans l’armée le système de correspondance acoustique, qui semblait arrêté, en 1841, dans l’esprit du gouvernement, ne reçut aucune suite. On le trouva sans doute trop compliqué.

L’inventeur se dédommagea de cet insuccès par le meilleur des moyens : il perfectionna davantage son œuvre, car, en 1846, il parvint à réduire à l’unité tous les sons dont il avait besoin. Voici ce qu’on lisait dans le Moniteur du 4 février 1846 :

« Des expériences de télégraphie acoustique, inventée par M. Sudre et pratiquée par le canon, ont