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que dans les vues de la Sainte-Chapelle, de l’église Sainte-Clotilde, de l’église de la Trinité, etc., les clochers paraissent tous incliner vers le centre de l’image.

Ces inconvénients n’existeraient pas dans un appareil panoramique dont l’objectif serait mobile et viendrait se présenter successivement vers tous les points de l’horizon à reproduire. En effet, en opérant de cette manière, on ne recevrait sur la couche sensible que les rayons émanés du milieu de l’objet reproduit, et dès lors nulle déformation de lignes ne serait à craindre.

En 1846, M. Martens, imagina son appareil panoramique, qui repose sur le principe suivant. Si l’on courbe une plaque daguerrienne en forme de demi-cylindre posé verticalement ; que dans l’axe de ce demi-cylindre on place l’objectif, que l’on donne ensuite à la plaque daguerrienne un mouvement vers tous les points de l’horizon, l’objectif restant d’ailleurs fixe, on pourra amener successivement sur la couche sensible, les divers plans qui composent l’horizon total embrassé par l’instrument.

Ce système constituait un grand progrès en photographie, et l’appareil de M. Martens a rendu de sérieux services. Mais il avait nécessairement l’inconvénient de ne pouvoir s’appliquer qu’aux plaques métalliques, car les lames de verre dont on se sert aujourd’hui pour produire les clichés photographiques, ne peuvent nécessairement se prêter à une courbure quelconque.

Un ingénieur des Ponts et chaussées, mort en 1858, Garella, a imaginé une disposition qui permet de prendre une vue panoramique avec une lame de verre collodionnée. Voici quelles sont les dispositions de cet appareil.

L’instrument entier est mobile autour d’un axe vertical, placé à une distance de la plaque sensible égale à la distance focale de l’objectif. L’appareil, reposant sur son axe de rotation et sur deux galets, tourne, en entraînant avec lui l’objectif, qui est par conséquent dirigé ainsi, successivement, vers tous les points de l’horizon à reproduire. Le mécanisme qui imprime le mouvement de rotation, se compose d’une roue dentée horizontale engrenant avec une vis sans fin, mise en mouvement elle-même par l’opérateur à l’aide d’une manivelle.

Le châssis portant la plaque sensible est entraîné dans le mouvement général de l’appareil. Ce châssis a en même temps un mouvement rotatif destiné à assurer la netteté des images, et qui est calculé de manière qu’un point quelconque du paysage vienne se reproduire toujours sur le même point de la plaque.

Avec cet appareil, il n’y a d’autre limite à l’étendue de l’horizon à reproduire, que les dimensions que l’on peut donner à l’appareil. Comme, au delà de certaines limites, ils deviendraient d’un transport embarrassant, on a borné les appareils construits jusqu’à ce jour à une étendue de 100°. Garella a fait connaître les diverses conditions à observer, selon le développement des vues qu’on veut obtenir, les dimensions du plateau, celles de l’objectif, la distance focale, les positions respectives, etc. Si l’on voulait reproduire un panorama complet de 360 degrés d’amplitude, la glace devrait avoir en longueur le développement d’un cercle ayant la distance focale pour rayon. Mais les appareils à panorama complet ne seraient guère qu’une simple curiosité qu’on ne ferait exécuter que pour montrer aux yeux ce que permettrait d’obtenir le système imaginé par l’auteur. Une étendue angulaire de 90° (le quart de la circonférence) est plus que suffisante dans la plupart des cas.

Nous avons vu une photographie des bords de la Seine aux environs du Louvre, prise par M. Baldus, avec l’appareil panoramique de Garella, et embrassant un horizon de 100°. La rectitude des lignes, même jusque sur les bords extrêmes de l’image, était parfaite, sans