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présentant des fleurs de grandeur naturelle. Elles avaient été présentées par M. Braun, de Dornach (Haut-Rhin). On retrouva le même artiste dans le salon de photographie de 1859, apportant des épreuves de fleurs et de fruits.

Dans cette application intéressante et nouvelle de l’héliographie, il faut citer M. Jeanrenaud, qui marche sur les traces de M. Braun, en ce qui concerne la reproduction de fleurs d’après nature.

M. Jeanrenaud a aussi exécuté des études d’animaux ; mais il a été moins heureux dans cette dernière tentative, dans laquelle personne, d’ailleurs, n’a encore réussi. On peut dire, en effet, que la reproduction fidèle, et en même temps artistique, des animaux, est encore aujourd’hui l’un des desiderata de l’héliographie.


CHAPITRE XXII

applications de la photographie à l’architecture et à l’archéologie. — reproduction des manuscrits des écritures anciennes et des palimpsestes. — la photographie révélatrice. — reproduction par la photographie, des tableaux et des gravures.

Les opérations photographiques peuvent se combiner très-utilement avec les travaux de la cosmographie, de l’archéologie et de l’architecture.

« Pour copier les millions et millions d’hiéroglyphes qui couvrent, même à l’extérieur, les grands monuments de Thèbes, de Memphis et de Karnak, a dit Arago, dans son rapport, fait en 1839, à la chambre des députés, il faudrait des vingtaines d’années et des légions de dessinateurs. Avec le daguerréotype, un seul homme pourrait mener à bonne fin cet immense travail. Munissez l’institut d’Égypte de deux ou trois appareils de M. Daguerre, et, sur plusieurs des grandes planches de l’ouvrage célèbre, fruit de notre immortelle expédition, de vastes étendues d’hiéroglyphes réels iront remplacer des hiéroglyphes fictifs ou de pure invention, et les dessins surpasseront partout en fidélité, en couleur locale, les œuvres des plus habiles peintres ; et les images photographiques, étant soumises dans leur formation aux règles de la géométrie, permettront, à l’aide d’un petit nombre de données, de remonter aux dimensions exactes des parties les plus élevées, les plus inaccessibles des édifices. »

La méthode des agrandissements est venue singulièrement accroître les services que la photographie peut rendre à l’étude de l’architecture. L’amplification, par la photographie, des dessins d’architecture, présente une grande importance pratique. Les détails d’un monument ainsi agrandi, constituent pour l’artiste, pour l’architecte, pour l’élève, un enseignement précieux.

Nous citerons, comme exemple, une très-belle page qui se voyait à l’Exposition universelle de 1867. C’était la vue agrandie de la Cathédrale d’Amiens, exécutée par un photographe de cette ville, M. Duvette. Cette photographie, qui se composait de quatre parties seulement, n’avait pas moins de 2m,50 de hauteur sur 2 mètres de largeur. Il est de toute évidence que des œuvres de ce genre, si elles pouvaient se généraliser, rendraient de grands services aux études des architectes et des dessinateurs.

En 1849, M. le baron Gros, ministre plénipotentiaire de France en Grèce, qui se délassait de ses fonctions diplomatiques par des travaux de photographie, eut par devers lui une preuve assez curieuse de l’utilité des arts photographiques en matière d’archéologie. Il avait fixé au moyen de la photographie, un point de vue de l’Acropole d’Athènes. De retour à Paris, à la fin de sa mission, il eut la fantaisie d’examiner à la loupe les détails de cette épreuve. Or, à sa grande surprise, la loupe lui fit reconnaître sur cette image, une particularité qu’il n’avait point aperçue sur la nature. Sur une pierre située au premier plan, et parmi les débris antiques amoncelés et jonchant le sol, se trouvait, esquissé en creux, un lion dévorant un serpent. Le dessin de cette figure était d’un âge si reculé, que ce monument dut être rapporté à l’époque égyptienne. Ainsi, à sept cents lieues de la Grèce et hors du théâtre de l’observation, la photographie avait révélé l’existence d’un document