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que l’image qu’il doit voir. On commence, au moyen de fortes lentilles convergentes, par concentrer la lumière en un foyer ; puis avec un carton percé de trous et qui tourne horizontalement sur son axe, on intercepte, d’une façon intermittente la vue de l’écran ; on fait de même pour l’autre image. Ce procédé, comme on le voit, est fort élégant.

Un débat s’est élevé ; sur la priorité de l’invention de la vision stéréoscopique par les verres colorés. M. Rollmann, physicien allemand, s’en est dit l’inventeur : il aurait décrit cette méthode, stéréoscopique en 1853, dans les Annales de Poggendorff.

Stéréoscope-omnibus. M. Faye, membre de l’Institut, a fait connaître, en 1856, le moyen de remplacer le stéréoscope par une simple feuille de papier percée de deux trous. Ces deux trous sont de 0m,002 de diamètre, et ils sont placés à une distance l’un de l’autre, à peu près égale à celle des deux yeux de l’observateur. Pour se servir de ce stéréoscope-omnibus, il suffit de le placer d’une main sur le dessin double qu’on tient de l’autre main, et de l’approcher peu à peu des yeux, sans cesser de regarder le dessin à travers les deux trous. Bientôt, ces deux trous semblent se confondre en un seul : alors l’image en relief apparaît entre les deux images planes, avec une netteté parfaite.

Sans doute, on peut obtenir la sensation du relief avec un dessin double, sans se servir d’aucun appareil ; mais le moyen indiqué par M. Faye facilite la vision stéréoscopique, et s’applique aisément à tous les cas, surtout aux dessins insérés dans des albums ou dans des livres, et qui se rattachent à la cristallographie, à l’histoire naturelle, et qu’on ne peut placer dans le stéréoscope ordinaire.

Le moyen indiqué par M. Faye pourra servir à remplacer les stéréoscopes que vendent nos fabricants : ce sera donc pour le public un clair bénéfice. Nous prévenons seulement les personnes presbytes qu’elles doivent renoncer à en faire usage, l’image stéréoscopique ne se produisant pas avec cet instrument si la vue est un peu longue.

Le stéréoscope remplacé par la lorgnette d’opéra. — Un physicien étranger, M. Zinelli, a trouvé le moyen de produire le même résultat physique avec une lorgnette de spectacle, c’est-à-dire de voir stéréoscopiquement, sans stéréoscope, une épreuve photographique. Voici la manière d’opérer.

L’épreuve doit être placée verticalement sur un piédestal, à la distance d’environ un mètre d’une fenêtre, de telle façon que la lumière tombe sur elle de biais, un peu en avant. On regarde alors l’épreuve au moyen d’une lorgnette d’opéra, en réglant, par une expérience préalable, la distance de la vision distincte, car cette distance varie avec la perspective et la puissance particulière des yeux. Après qu’on l’a trouvée, on voit l’épreuve stéréoscopiquement, c’est-à-dire avec les reliefs : et la perspective que présente la nature.

On peut aussi regarder de la même façon des peintures ou des dessins. Si ces œuvres sont bien exécutées, l’apparence est tout à fait celle de la nature ; dans le cas contraire, on en reconnaît très-bien les défauts. Des images photographiques négatives regardées de cette manière, produisent un imposant effet, et particulièrement les monuments, parce que les blancs des fenêtres les font paraître illuminés. On recommande, pour obtenir ces effets, d’entourer les épreuves d’un cadre noir, ou de les tirer avec des bords noirs au moyen de la photographie.

Les différents stéréoscopes qui viennent d’être décrits, ne sont guère que des appareils scientifiques. Le seul qui soit d’un usage universel, le stéréoscope ordinaire, que vendent les opticiens, est celui de Brewster, ou l’appareil à prismes, dont nous avons représenté les différents modèles dans le chapitre précédent.