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Fig. 189. — Bombarde du xiv montée sur un affût à roulettes.


représente une bombarde dont la volée est fixée à l’affût, par des cordes passant dans des anneaux. À cette volée s’adaptait la chambre, que nous représentons à part (fig. 187), et un coin appelé laichet (fig. 188), qu’on enfonçait, à coups de maillet, entre la chambre et la partie montante de l’affût, et qui servait à bien joindre la chambre et la volée. On prenait de grandes tenailles pour retirer le coin de bois, et recharger la pièce.

Nous empruntons à l’ouvrage de M. Favé, une autre figure (fig. 189), représentant une bombarde très-courte, et dont la chambre est d’un calibre moindre que celui de la volée. Le tout est fixé, par des embrasses métalliques, sur un plateau de bois, porté par deux roues. Le pointard, A, percé de trous, qui soutient la flèche, B, fait varier le tir dans le plan vertical, tandis que les roulettes le font varier dans le sens horizontal. À la partie antérieure est une cloison de bois, C, destinée à protéger les canonniers.

Les premiers canons, dont on fit usage, n’étaient pas tous faits de la même matière. Un passage de Pétrarque, écrit en 1342, semblerait indiquer que les premiers canons fabriqués en Italie, étaient de bois. Voici ce curieux passage, extrait du dialogue de Pétrarque intitulé : De remediis utriusque fortunæ :

« J’ai des machines et des balistes incomparables. Je m’étonne que vous n’ayez pas aussi de ces glands d’airain qui sont lancés par un jet de flamme, avec un horrible bruit de tonnerre. Ce n’était pas assez de la colère d’un Dieu immortel tonnant du haut des cieux. Il fallait (ô cruauté mêlée d’orgueil !) que l’homme, chétive créature, eût aussi son tonnerre. Ces foudres que Virgile regardait comme inimitables, l’homme, dans sa rage de destruction, est parvenu à les imiter. Il les lance d’un infernal instrument de bois comme elles sont lancées des nuages. Quelques-uns attribuent cette invention à Archimède, du temps où Marcellus assiégeait Syracuse, mais celui-ci l’imagina pour défendre la liberté de ses concitoyens, pour retarder ou empêcher la ruine de sa patrie, tandis que vous vous en servez pour ruiner ou assujettir les peuples libres. »

Ces canons de bois étaient probablement du plus petit calibre ; ils devaient lancer des projectiles analogues aux graviers de fer, ou avelines, des Arabes. On conserve à l’arsenal