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Fig. 210. — Bas-relief de l’église de Genouillac.


Le premier avantage qu’apporta le bronze, employé à la confection des canons, ce fut de donner des tourillons coulés en même temps que le reste de la pièce, et faisant corps avec elle, supportant les plus grands effets de l’effort du recul.

Dès lors les affûts changèrent de forme. Il devint inutile de soutenir et d’appuyer la culasse du canon ; on laissa basculer librement la pièce sur ses tourillons, comme sur un axe, et l’on put ainsi pointer parfaitement dans le plan vertical. L’affût formé de deux barres de bois parallèles, montées sur des roues, cédait au recul, au lieu de s’y opposer, et n’éprouvait presque plus de détérioration par l’effet du tir.

On eut, à la même époque, l’idée de mettre la poudre en grain, de la grener au lieu de l’employer, comme dans les premiers temps, en simple poussier. Par cette modification, on augmenta la puissance explosive de la poudre. Elle détonait rapidement et presque d’un seul coup, au lieu de fuser comme celle dont on s’était servi jusque-là. Un avantage capital qu’apporta cette modification physique de la poudre, fut que le métal du canon s’échauffait beaucoup moins à chaque décharge, et que le tir put acquérir une rapidité jusqu’alors inconnue.

La charge de poudre brûlant tout entière dans un espace de temps plus court, il était inutile de conserver aux armes à feu leur ancienne longueur de volée. Cette longueur fut réduite. Les canons y gagnèrent en légèreté, et leur chargement devint plus facile.

Pour donner immédiatement une idée de ce que pouvaient être les premiers canons à tourillons et leurs affûts, nous extrayons du livre du général Favé le dessin de l’un des bas-reliefs de l’église de Genouillac, bâtie par Galliot de Genouillac, grand-maître de l’artillerie de France, qui mourut en 1546.

On voit (fig. 210) une partie du tourillon de gauche. Les flasques de l’affût n’offrent pas une grande perfection de détails, on comprend cependant quelle est leur utilité, comment ils reposent sur l’essieu, et on reconnaît distinctement sur cette ligne, un tourillon. On comprend que le canon, libre de se mouvoir autour de l’axe formé par les tourillons, peut être pointé dans le plan vertical par un simple mouvement de bascule.

Au-dessous du canon, et entre les deux roues, sont la lanterne qui servait à introduire la charge de poudre, et le refouloir monté sur la même hampe que l’écouvillon. À terre et tout autour sont des boulets, un sac