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rainures de l’âme ; sa forme, en faisant abstraction des saillies, est une spirale. La longueur de chaque ailette est égale à la largeur de la rainure correspondante. D est la tête du projectile, qui est lancée en avant, F l’extrémité de cette fusée, E la cavité qui renferme les balles et le fulmi-coton destiné à faire explosion.

Les obus lancés par ces canons, sont de deux sortes : ceux qui doivent éclater au bout d’un temps déterminé portent une fusée à la française, tout à fait semblable à celle que nous avons décrite en parlant du projectile du canon rayé français (voir page 433 figure 309), et ceux qui ne doivent faire explosion que par l’effet de la percussion de leur partie antérieure.

La figure 323 montre la disposition appropriée à cet effet. Au-dessous de la tête du projectile D, est le sommet de la fusée, A. Cette partie est composée d’un métal mou, que le choc écrase. Dès lors la pointe vient frapper une composition fulminante déposée en b, au-dessus d’un petit canal, B, correspondant avec le fulmi-coton contenu dans l’intérieur de l’obus.

La figure 324 représente la forme de la pièce autrichienne. Cette pièce est montée sur un affût ordinaire. Seulement entre les deux flasques est un caisson, surmonté d’un siège en forme de selle, où peut se placer un artilleur, pendant que la pièce est entraînée au trot de l’attelage[1].

Fig. 324. — Bouche à feu rayée de 4 de l’artillerie autrichienne.

Un grand nombre de canons de divers calibre furent construits d’après ce modèle. Cependant les commissaires du gouvernement autrichien s’opposèrent constamment à leur acceptation définitive. Ces bouches à feu furent plusieurs fois abandonnées et reprises, et nous ignorons si, au moment où nous écrivons, l’artillerie du général Lenk est, ou n’est pas, en faveur auprès des chefs de l’armée.

Ce système est très-ingénieux par sa rayure et par la disposition des différentes pièces accessoires, notamment de la hausse pour les grandes portées. Mais on ne pourra songer à remplacer définitivement la poudre ordinaire par le coton-poudre dans l’usage courant de l’artillerie, que lorsque les pièces de bronze anciennes seront remplacées par des canons d’acier, ou d’un métal plus résistant que le bronze ordinaire des canons. On peut cependant prédire, sans crainte de se tromper, que, dans un intervalle plus ou moins prochain, les projectiles explosifs seront chargés, non de poudre ordinaire, mais de fulmi-coton, puisqu’il est établi qu’à volume égal, ce corps produit des effets trois fois plus grands que la poudre ordinaire, et que les effets brisants que l’on redoute pour la résistance des bouches à feu sont, au contraire, ce que l’on recherche, dans les projectiles explosifs, dans les obus et les

  1. Notice sur les canons rayés de campagne et de montagne autrichiens à fulmi-coton (système Lenk) par A. Rutzky et O. Grahl, lieutenants de l’artillerie autrichienne, traduit de l’allemand par le colonel d’Herbelot, in-8. Paris et Leyde, 1864.