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époque, des fortunes princières. L’industrie du gaz, devenue enfin très-lucrative, enrichissait tous ceux qui s’y trouvaient engagés.

Bientôt six nouvelles compagnies furent fondées pour l’éclairage de Paris. C’étaient la Compagnie parisienne, dont l’usine était placée à la barrière d’Italie ; la Compagnie anglaise (barrière de Courcelles) ; la Compagnie française (à Vaugirard) ; la Compagnie de l’Ouest (à Passy) ; la Compagnie anglaise (avenue de Trudaine) ; la Compagnie Lacarrière (rue de la Tour). Ces usines se partageaient, on le voit, les différents quartiers de la ville.

Cependant la concurrence entre ces compagnies occasionnait quelques difficultés, surtout sur les limites du parcours des conduites souterraines. La fusion entre toutes les compagnies de gaz de la ville de Paris, fut décidée, et eut lieu le 25 décembre 1855. La Compagnie parisienne absorba toutes les autres, et laissa son nom à la société définitive.

La Compagnie parisienne, qui est en possession aujourd’hui du monopole de l’éclairage de la capitale, fabrique le gaz dans six usines, réparties dans les quartiers suivants : La Villette (porte d’Aubervilliers), les Ternes (boulevard de Courcelles), Passy (quai de Passy), Vaugirard (rue Mademoiselle), Ivry (route de Choisy), Saint-Mandé (cours de Vincennes), Belleville (rue Rebeval). Elle fait payer le gaz aux particuliers 30 centimes le mètre cube et 15 centimes seulement à la ville de Paris. Chacun est d’accord sur l’extrême cherté du gaz à Paris. Le prix de revient de cette matière n’étant que de 4 à 5 centimes le mètre cube, on ne surprendra personne en disant que le monopole dont est en possession la Compagnie parisienne, est un vrai Pactole pour cette compagnie. Les habitants de la capitale réclament en vain depuis longtemps, contre cet état de choses, vraiment onéreux pour le commerce et les particuliers. Le gaz n’est vendu à Londres que 20 centimes le mètre cube.

Nous n’avons pas besoin de dire qu’à partir de l’année 1855, l’éclairage au gaz fit de rapides progrès en France. La plupart des villes de quelque importance l’adoptèrent successivement.


CHAPITRE XX

l’éclairage au gaz en allemagne.

Après cet historique des progrès de l’éclairage au gaz en Angleterre et en France, nous dirons quelques mots de sa propagation en Allemagne.

Ce fut une compagnie anglaise (Impérial continental Gas Association), qui introduisit en Allemagne cette industrie. Elle éclaira par le gaz de la houille, en 1826, la ville de Hanovre et celle de Berlin. Les industriels allemands commencèrent alors à tourner leurs vues de ce côté. Des essais furent tentés à la fois dans deux villes, à Dresde, par le conseiller Blochmann, et à Francfort-sur-le-Mein, par Knoblauch et Schiele, tous deux de Francfort. En 1825, Blochmann conclut un traité pour l’éclairage de Berlin. Le roi de Prusse le chargea d’organiser, en même temps, l’éclairage au gaz du Palais-Royal et des places environnantes. L’inauguration de cet éclairage eut lieu le 23 avril 1828, par une illumination faite en l’honneur de la naissance du prince royal.

Knoblauch et Schiele avaient essayé à Niederrad, près de Francfort, de fabriquer du gaz à l’huile. En 1828, après avoir vaincu des difficultés immenses, ils établirent ce mode de fabrication du gaz à Francfort, où, grâce à quelques modifications, il fonctionne encore aujourd’hui avec succès.

Tandis que Knoblauch et Schiele travaillaient en Prusse, Blochmann établissait des usines à gaz dans diverses villes de l’Allemagne. Il installa le gaz à Leipzig, en 1837 et 1838, et il créa, deux ans après, les usines