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à s’user, par suite de leur combustion, la distance entre les deux pôles de la pile augmente, et par conséquent, le courant électrique perd de son intensité. Par suite de cet affaiblissement du courant voltaïque, l’électro-aimant, qui tire sa puissance de ce courant, perd une partie de sa force, et il ne peut plus contre-balancer, comme auparavant, l’action du ressort d’acier qui tend à rapprocher l’une de l’autre les deux baguettes de charbon. Ces dernières, obéissant dès lors à l’action de ce ressort, qui n’est plus suffisamment contre-balancé, se rapprochent l’une de l’autre jusqu’à ce que la distance qui les séparait primitivement se trouve rétablie. La répétition continue de ces influences et des mouvements qui en sont la suite, assure la fixité de l’arc lumineux.

C’est en 1849 que Léon Foucault réalisa, pour la première fois, ce perfectionnement capital de la lampe photo-électrique. À la même époque, un physicien anglais, M. Staite, imaginait un appareil analogue, et il est bien reconnu que l’invention dont il s’agit a été faite simultanément en France et en Angleterre, par Léon Foucault et M. Staite, bien que le physicien anglais ait en sa faveur l’antériorité de publication.

Les charbons entre lesquels s’élance l’arc lumineux, sont de forme prismatique et de 6 à 8 millimètres de côté ; ils peuvent avoir jusqu’à 60 centimètres de longueur. Leur qualité est un élément de succès très-important. Le meilleur charbon pour la confection des pôles de la lampe électrique, est, comme nous l’avons dit, le charbon de cornue de gaz, resté dans les cornues après la distillation de la houille. Celui que fournit le commerce, n’est pas toujours suffisamment pur, et l’on est en droit d’espérer des améliorations sous ce rapport. Il faut, en attendant, se contenter des charbons actuels, dont le défaut d’homogénéité, joint au déplacement continuel de l’arc voltaïque, lequel se porte tantôt d’un côté des pointes, tantôt de l’autre, donne lieu à de petites intermittences de la lumière. Ces intermittences ne sont toutefois sensibles que lorsqu’on regarde le point lumineux, ou lorsqu’on essaye de mesurer l’intensité de l’éclairage au moyen du photomètre.

Depuis l’époque où Léon Foucault a fait connaître ce curieux appareil, différents constructeurs en ont modifié les dispositions mécaniques et les organes accessoires. MM. Jules Duboscq, Deleuil et Loiseau, ont exécuté des appareils de ce genre.

Le régulateur de M. Duboscq, perfectionnement pratique très-bien conçu de l’appareil Foucault, est celui de ces instruments qui a obtenu le plus de succès. Pendant dix ans, c’est avec le régulateur de M. Duboscq que l’on a fait toutes les expériences sur la lumière électrique. Nous donnerons donc ici la description de cet appareil, que représente la figure 127.

L’électro-aimant EE, destiné à rapprocher ou à éloigner les deux charbons, selon l’affaiblissement ou l’augmentation de l’intensité du courant électrique, est placé dans le pied de l’appareil, c’est-à-dire au-dessous des deux pointes de charbon, C, C, entre lesquelles s’élance l’arc lumineux. Comme tous les électro-aimants, il se compose d’une bobine sur laquelle est enroulé un long fil de cuivre. En parcourant ce fil, le courant aimante un petit cylindre de fer placé dans l’axe de la bobine. L’électro-aimant artificiel, ainsi formé, attire une plaque de même métal, F, vissée à l’extrémité d’un levier coudé, T. Un ressort, R, qui est maintenu lui-même par un levier coudé fixé à l’intérieur de la boîte métallique B, s’oppose à cette attraction, de sorte que le contact n’a lieu qu’autant que le courant a une certaine énergie. Mais le courant qui circule dans cette bobine est celui qui est formé par l’arc voltaïque ; si les deux charbons s’éloignent, il perd de son intensité, et pour un certain affaiblissement de cette intensité, c’est-à-dire, pour un