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le feu, parce que le tirage n’est pas encore établi. Rien de semblable ne se produit quand le combustible est bien enflammé, parce qu’il ne se dégage plus guère de fumée du foyer, et parce que les parois du tuyau restant échauffées, le tirage peut continuer longtemps encore.

On remarque souvent une abondante production de fumée au moment où l’on met sur un feu de houille une nouvelle charge de combustible. Cela tient à ce que la houille nouvellement apportée, couvre entièrement le feu, et bouche les interstices par lesquels passait l’air. Dès lors, la combustion étant un moment arrêtée, il n’entre plus dans la cheminée que de l’air froid, et le tirage diminue. Pendant ce temps, le nouveau charbon dégage une fumée abondante et épaisse, relativement peu chaude, et qui a peu de tendance à s’élever. Ces causes réunies expliquent la production de la fumée dans ce cas.

La grandeur exagérée de l’ouverture de la cheminée, surtout dans le sens de la hauteur, fait fumer les cheminées. Cela tient à ce qu’une grande quantité d’air passe dans le tuyau sans s’être échauffé par le contact du foyer, ce qui refroidit la colonne gazeuse et diminue l’activité du tirage.

Lorsque l’ouverture de la cheminée est trop grande, il faut, ou la rétrécir, ou y faire adapter un tablier mobile, qu’on baisse quand la fumée menace de se montrer.

Une agitation quelconque de l’air auprès du foyer, le passage rapide de vêtements de femme, par exemple, cause, pour un moment, des courants d’air irréguliers, qui suspendent le tirage et peuvent faire refluer la fumée dans la pièce.

Comme l’activité du tirage est en proportion de la hauteur du tuyau, une cheminée à tuyau peu élevé est toujours plus sujette à fumer que les autres.

La suie se dépose sur les parois intérieures du tuyau de la cheminée, en petites masses, qui forment de nombreuses et irrégulières saillies. Ces corps interposés sur le passage de l’air chaud, sont un obstacle au libre glissement de la colonne gazeuse, et diminuant le tirage, sont une autre cause de production de fumée.

Quand les tuyaux des cheminées sont construits en pierres, en briques lourdes, ou en autres matériaux à grande masse et conduisant mal la chaleur, les parois ne s’échauffent qu’au bout d’un temps assez long, et le tirage a de la peine à s’établir au commencement de la combustion. Les conduits de cette espèce conservent, il est vrai, longtemps la chaleur ; mais il est sans intérêt que le tirage continue alors que le foyer est éteint. Au contraire, les conduits formés de tuyaux de tôle ou de fonte, s’échauffent rapidement, et le tirage est bientôt établi. Ainsi les tuyaux métalliques combattent la fumée.

Les coudes, les inflexions, les variations de diamètre du conduit de la fumée, sont toutes choses qui diminuent la vitesse de l’écoulement de l’air chaud, et qui sont nuisibles au tirage. La résistance est d’autant plus grande dans les tuyaux obliques, qu’ils s’éloignent plus de la verticale ; cette résistance croît à peu près en proportion du sinus de l’angle d’écart.

Dans les cheminées construites avec des matériaux d’espèces différentes, il arrive presque à chaque instant de la combustion, que la colonne gazeuse parcourt des portions de conduit inégalement chaudes. Quand la colonne gazeuse arrive dans un lieu plus chaud, elle tend à se dilater. Les portions chaudes du conduit produisent donc le même effet que des rétrécissements du conduit : elles activent le tirage. Dans les parties froides au contraire, l’air se condense, augmente de poids, et le tirage diminue. De ces alternatives résultent des perturbations dans le tirage.

Bien que ces différences de température n’atteignent jamais une valeur bien grande, il convient, autant que possible, pour éviter