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bouche particulière de chauffage et de ventilation fournie par les deux tuyaux, C et D. Le canal de ces deux tubes est coupé, par des cloisons en plâtre, en autant de coffres qu’il y a de cellules. L’air du corridor, déjà chauffé par la chaleur perdue des appareils, pénètre dans le coffre, et vient se dégager dans la cellule par une bouche de chaleur, F, faisant suite à un caniveau pratiqué dans le plancher. L, est une grande grille qui ferme l’extrémité du corridor.

La surface de chauffe propre à chaque cellule, est de 1m,20, et possède une température moyenne de 100 degrés ; elle se compose de 2 mètres de tuyau d’aller et de 2 mètres de tuyau de retour. Si le tuyau d’aller est plus chaud aux premières cellules qu’aux dernières, la température marche en sens inverse par le tuyau de retour, et il y a à peu près compensation.

Sur la figure 219 les vasistas des cellules sont marqués par la lettre G, dans la partie gauche du bâtiment, et les cuvettes d’aisances, par la lettre E, dans la partie droite. L’air qui sert à la ventilation s’écoule par l’une ou l’autre de ces ouvertures. Une pancarte, affichée dans la cellule, recommande au prisonnier de ne point mettre le couvercle à sa cuvette s’il veut évacuer l’arrivée d’air de sa cellule, et de la fermer, au contraire, quand il ouvre le vasistas, pour ne pas déterminer un courant ascendant par le conduit.

Il conviendrait de dire aussi au prisonnier que pour avoir de l’air chaud, et par conséquent de la chaleur, il faut qu’il donne à cet air un débouché. En général le détenu ne sait pas ce que c’est que l’air vicié, et il ne comprend guère le grand mot de ventilation. Il ferme le conduit d’aisances, parce que cela lui paraît convenable ; il tient le vasistas fermé, parce qu’il fait froid, de sorte que, finalement, il gèle dans sa cellule.

Puisqu’on a adopté la disposition, assez bizarre, qui consiste à évacuer l’air par le conduit d’aisances, pourquoi ne pratiquerait-on pas, dans l’épaisseur de la cuvette, un trou grillagé, de grandeur suffisante, et à direction très-inclinée, qui resterait forcément ouvert ?

Règlementairement, la cellule doit être entretenue à une température de 13 à 15 degrés. Cette température nous paraît un peu basse, surtout pour de pauvres gens mal vêtus et peu nourris, qui ne font pas d’exercice. D’après des plaintes nombreuses, il paraîtrait même que la température est plus froide encore.

Au mois de juin 1850, le journal le Siècle s’étant fait l’écho des réclamations des détenus, le préfet de police nomma une commission, dont le gérant du Siècle faisait partie, à l’effet de vérifier les fondements de ces plaintes. Des expériences furent faites, par une méthode peu scientifique, il est vrai, mais rationnelle et concluante. Pour constater l’évacuation de l’air, trois personnes, dont un membre de la commission, s’enfermèrent pendant une heure dans une cellule, et fumèrent toutes trois sans désemparer. Elles virent la fumée se diriger vers le conduit que nous savons, et constatèrent, après l’heure écoulée, que l’air de la cellule n’était nullement chargé de fumée.

Somme toute, la commission trouva les choses en bon état. Mais ne pourrait-on pas dire du chauffage de la prison Mazas ce que disait M. Péclet de la ventilation de l’hôpital Lariboisière : « Reste à savoir si cette augmentation de ventilation n’a pas uniquement lieu le jour où l’on fait des expériences ?… »

Quoi qu’il en soit, M. Grouvelle, avec son système de chauffage mixte, a fait faire un pas immense au chauffage des grands établissements. Il n’est plus maintenant d’édifice, si vaste qu’il soit, qui, à l’aide de ce système, ne puisse être chauffé, en totalité ou en partie, d’une façon toujours régulière, et même graduée si on le veut, pour s’appliquer aux variations de la température extérieure.

Nous dirons encore comment le système