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lièmes d’acide carbonique par mètre cube, c’est-à-dire quatre à cinq fois plus qu’il n’en existe dans l’air normal. D’autre part, d’Arcet avait déjà fixé à 7 grammes de vapeur d’eau la quantité d’humidité que renferme un mètre cube d’air, lorsqu’il est capable de débarrasser nos organes de la vapeur d’eau qui leur est inutile, sans agir pourtant sur eux d’une manière pénible par sa trop grande sécheresse.

Ainsi, 2 à 3 millièmes d’acide carbonique et 7 grammes de vapeur d’eau, par mètre cube, sont les limites que l’altération de l’air ne doit pas dépasser.

Des expériences qui furent faites en 1840, à l’ancienne Chambre des députés, ont prouvé que ces conditions sont remplies, c’est-à-dire que l’air ne demeure pas chargé de ces quantités anormales d’acide carbonique et de vapeur d’eau, quand on fait passer dans une salle vingt mètres cubes d’air par heure et par individu.

En fournissant à une réunion de personnes en santé 20 mètres cubes d’air par heure et par individu, on satisfait donc à toutes les exigences d’une bonne hygiène. Mais, hélas ! combien peu de lieux publics présentent ces conditions salutaires !

Considérez, par exemple, nos salles de spectacle, où, pour augmenter encore les causes de viciation de l’air, des centaines de becs de gaz versent sans cesse des torrents d’acide carbonique et de vapeur d’eau, qui s’ajoutent à ceux que produisent les spectateurs. Aussi, avec quel plaisir, quelle avidité même, est-on empressé d’aller, par intervalles, respirer à pleins poumons un peu d’air frais au dehors ! La question de la ventilation des théâtres a préoccupé plusieurs directeurs des grandes scènes de la capitale, qui ont cherché à donner aux spectateurs ce bien-être qui dispose à goûter plus complétement les jouissances de l’esprit. Cependant le but est bien loin encore d’être atteint.

Examinez les ateliers de beaucoup d’industries, et vous en trouverez encore bon nombre dans lesquels l’atmosphère, lourde, mal renouvelée, est continuellement chargée de poussières de toute nature. Si vous consultez alors les statistiques, vous verrez que la mortalité est considérable chez les ouvriers occupés par ces industries, et vous comprendrez de quelle importance il serait que les directeurs des usines songeassent à améliorer les conditions dans lesquelles se trouvent placées les habitations des ouvriers et les ateliers de travail.

Mais si, au lieu de considérer une réunion de personnes bien portantes, nous cherchons ce qu’il faudrait faire pour une réunion de malades, pour une salle d’hôpital, où tant de malheureux viennent chercher la guérison de leurs maux, le problème se complique, car les causes de viciation de l’air deviennent ici plus nombreuses et plus intenses.

Au premier rang de ces causes d’altération, se placent, sans contredit, les émanations de matières animales.

Quel est le médecin, quel est l’élève, quel est le visiteur des hôpitaux, qui n’ait pas été péniblement affecté par l’odeur, si bien nommée odeur d’hôpital, qui s’exhale de certaines salles, quand on y entre le matin, ou seulement après quelques heures de clôture, et cela malgré les soins minutieux de propreté auxquels on a recours ? C’est probablement à cette cause qu’il faut rapporter l’aggravation de certaines affections qui n’étaient que fort légères au moment de l’entrée du malade, ainsi que la longueur des convalescences, la facilité des rechutes, et le peu de réussite, dans les hôpitaux, de certaines opérations chirurgicales pour lesquelles on compte un nombre bien supérieur de succès dans la pratique civile. Les hôpitaux consacrés à l’enfance et aux femmes en couches, sont certainement placés, sous ce rapport, dans les conditions les plus défavorables. Sur l’enfant, sur la nouvelle accou-