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LES
PUITS ARTÉSIENS

CHAPITRE PREMIER

les puits forés chez les anciens orientaux et chez les chinois. — apparition en europe des puits jaillissants.

L’origine des puits artésiens n’est pas aussi récente que pourrait le faire supposer leur nom, tiré de la province d’Artois. En France, c’est en effet dans la province d’Artois qu’ont été creusées les premières fontaines jaillissantes, et de là le nom qui a prévalu. Mais bien des siècles avant que la province d’Artois fût constituée, les peuples de l’Orient connaissaient l’art d’aller chercher dans les profondeurs de la terre l’eau des nappes invisibles, et de la faire monter à la surface du sol, où on l’employait pour tous les usages domestiques et pour les besoins de l’agriculture.

Les oasis qui parsèment les déserts de la Syrie, de l’Arabie et de l’Égypte, ne doivent leur fertilité qu’à des sources d’eaux jaillissantes pratiquées par la main de l’homme. Or, quelques-unes de ces oasis étaient déjà célèbres dans les premiers temps de l’ère chrétienne, ce qui fait remonter à une époque assez reculée l’origine des puits forés.

Certains passages d’anciens auteurs lèvent tous les doutes à cet égard.

Diodore, évêque de Tarse, qui vivait au ive siècle, s’exprime ainsi au sujet de la grande oasis, connue sous le nom de Thébaïde, qui servait de retraite aux anachorètes de ce temps :

« Pourquoi la région intérieure de la Thébaïde, qu’on nomme Oasis, n’a-t-elle ni rivière ni pluie qui l’arrosent, mais n’est-elle vivifiée que par le courant de fontaines qui sortent de terre, non d’elles-mêmes, non par des eaux pluviales qui pénètrent dans la terre et qui en remontent par ses veines, comme chez nous, mais grâce à un grand travail des habitants ? »

Un autre auteur, un peu moins ancien, cité par Photius et Niebuhr, corrobore la relation de l’évêque de Tarse. Olympiodore, qui florissait dans la savante école d’Alexandrie, vers le milieu du vie siècle après J.-C, rapporte qu’on creuse dans cette même oasis des puits de 200, 300 et même 500 coudées de profondeur, et que l’eau qui en sort est utilisée par les habitants pour l’irrigation de leurs terres. Diodore ajoute même que ces puits rejettent quelquefois des poissons.

Il existe encore aujourd’hui, dans les déserts de la Syrie et de l’Arabie, des fontaines artificielles qui datent de plusieurs milliers d’années. Leur ancienneté est attestée par leur nom, qui est emprunté au langage biblique. Il faut citer, dans cette catégorie, les fontaines d’Ismaël, de Bethsabée, de l’Abondance, du Jurement, de l’Injustice.

La mosquée de la Mecque renferme le puits de Zemzem, dont les eaux sont en grande vénération parmi les musulmans. Suivant la