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les colonnes opposent à la traction une résistance telle que les instruments ordinaires déchireraient la tôle sans l’arracher. On fait alors un certain nombre de sections dans la colonne, et l’on retire successivement les différentes longueurs de tuyaux.


CHAPITRE VII

les tubes d’ascension. — bétonnage du tuyau. — pose du tuyau.

Le forage étant terminé et la nappe jaillissante rencontrée, il faut s’occuper de poser le tuyau d’ascension de l’eau, c’est-à-dire le tube définitif destiné à recevoir les eaux artésiennes, et à les conduire à leur niveau d’écoulement, à la surface du sol.

Le cuivre et le bois sont employés à peu près exclusivement pour la confection des tuyaux d’ascension. Ces matières présentent seules les garanties de durée indispensables pour la continuité et la constance de l’écoulement des puits artésiens.

Les tubes en bois se conservent indéfiniment sous l’eau : ils constituent donc les meilleurs tubes d’ascension. Ils doivent être en bois de chêne, d’aune ou d’orme. Ils sont rattachés entre eux par emboîtement, et la ligne de jonction est garantie par un manchon ou frette en tôle, fixée avec des vis à bois, comme le représente la figure 375. Une armure en fer les protége à la base, et facilite leur descente au fond du trou de sonde. Pour les enfoncer, on frappe dessus avec un mouton, ou l’on fait intervenir une forte pression.

Les tubes de cuivre rouge s’assemblent, comme les tuyaux de retenue, au moyen de manchons et de rivets, mais avec de plus grandes précautions : les frettes et les parties correspondantes des tubes sont étamées et soudées après leur réunion. Quelquefois l’emmanchement se fait par des manchons à vis en bronze, mais seulement pour les petits diamètres, à cause du surcroît de dépenses qu’il entraîne. Ces tubes n’ayant à subir aucune pression, puisqu’ils sont protégés par les colonnes de garantie dans les couches éboulantes, on ne leur donne qu’une faible épaisseur (1 millimètre et quart à 2 millimètres), excepté dans les grandes profondeurs, où l’on va jusqu’à 3 millimètres. On tire de là l’avantage de ne pas réduire beaucoup, par le tubage, le diamètre du trou de sonde.

Avant de descendre ce tubage, il est indispensable d’en garnir la base, afin que l’eau de la nappe ascendante ou jaillissante ne puisse s’élever entre les parois du tube et celles du sondage. Il y a là, à cet effet, un espace vide destiné à recevoir une coulée de béton. Le meilleur moyen d’intercepter le liquide en cet endroit, consiste à munir la base de la colonne d’un tronc de cône en métal ou en bois, dont le sommet regarde le fond du forage, et dont la partie supérieure forme autour du tuyau une saillie qui sert d’assise au béton. Si la nature des terrains le permet, on donne à ce tronc de cône une grande longueur, et l’on alèse également en tronc de cône, mais à des dimensions un peu moindres, la base du sondage, de façon que le manchon se rode dans le fond, comme le bouchon à émeri d’un flacon. Si la colonne est en cuivre, on doit bien se garder de la chasser à coups de mouton ; on la fait descendre en tournant à droite ou à gauche, ou bien, ce qui est préférable, au moyen de l’appareil à vis de pression que nous avons représenté plus haut.

La colonne d’ascension étant bien fixée à la place qu’elle doit occuper, on procède au bétonnage, la dernière opération et l’une des plus importantes, puisque c’est d’elle surtout que dépend la solidité du tubage.

On jette d’abord dans l’espace annulaire réservé autour de la colonne, quelques litres de petit gravier, et aussitôt après, deux ou