Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/624

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aux besoins de la guerre qu’elle est consacrée, mais uniquement aux usages de l’industrie et du commerce. Dans les profondeurs de la mer se rencontrent des substances précieuses à divers titres, des objets d’ornement, ou des substances alimentaires. L’art du plongeur aura donc pour but désormais la recherche de l’huître perlière, du corail, de l’éponge. C’est pour alimenter de ces produits les contrées civilisées que des hommes se précipiteront au fond de la mer, au péril de leur vie. Une grande transformation sera donc opérée chez le plongeur. Au lieu d’être un agent de destruction, il sera un agent de production, et lorsque la science l’aura pourvu d’appareils perfectionnés, il rendra au commerce, à l’industrie, à la marine des services considérables.

Quelle triste et pénible condition que celle des pêcheurs de perles, d’éponges ou de corail ! C’est que l’homme n’est pas fait pour vivre sous l’eau ; sa constitution s’oppose à une existence subaquatique. Il faut que l’air arrive à ses poumons incessamment, régulièrement. Si, par une pratique de tous les jours, certains individus peuvent suspendre, pendant quelque temps, l’exercice de la fonction respiratoire, ils ne tardent pas à atteindre la limite de leurs efforts. Il est à peu près avéré aujourd’hui que l’homme ne peut rester sans respirer au delà de deux minutes ; encore tout le monde ne le ferait-il pas. Un tempérament robuste et surtout une longue habitude, telles sont les conditions d’une telle victoire remportée sur la nature. Il faut donc se tenir en garde contre les récits de certains voyageurs qui affirment avoir vu des plongeurs séjourner quatre ou cinq minutes sous l’eau.

De ce nombre est un officier de la marine britannique, Percival, qui, dans son Voyage à Ceylan, cite un jeune Cafre, pêcheur de perles, qui aurait accompli pareil exploit, « On ne connaît personne, ajoute Percival, qui ait passé sous l’eau un plus long espace de temps qu’un plongeur qui vint d’Anjango en 1797, et qui s’y tint cinq minutes. »

Un romancier français qui s’était attaché à peindre la vie américaine, Gabriel Ferry, parle également de pêcheurs de perles restant quatre minutes sous l’eau. Il y a là évidemment appréciation inexacte, ou exagération.

Les plus habiles plongeurs sont les naturels des îles de la mer du Sud. Ils vont chercher au fond de l’eau, et en rapportent des objets du plus mince volume.

Les plus renommés sont ceux de l’île de Ceylan, qui pêchent l’huître à perles. On les a vus descendre sous l’eau jusqu’à quarante et cinquante fois dans un seul jour. Quelquefois le travail est si pénible pour eux, qu’en revenant à la surface, ils rendent, par la bouche, le nez et les oreilles, de l’eau mêlée de sang.

Voici comment opèrent les pêcheurs qui exploitent les bancs d’huîtres perlières du golfe de Bengale.

Chacun est muni d’une grosse pierre, destinée à l’entraîner au fond de l’eau, et percée d’un trou, dans lequel passe une corde. Lorsqu’il est sur le point de descendre, le plongeur, qui a appris à se servir des doigts de ses pieds comme de ceux de ses mains, saisit avec le pied droit, la corde fixée à la pierre ; tandis que du pied gauche, il prend le filet qui doit recevoir sa récolte. Il prend ensuite, de la main droite, une longue corde attachée au bateau, et se bouchant les narines de la main gauche, pour ne pas laisser s’échapper l’air qu’il a aspiré fortement, aussi bien que pour empêcher l’accès de l’eau dans les fosses nasales, il cède au poids qui le sollicite en bas, et descend rapidement dans la mer. (fig. 394). Arrivé au fond, il passe à son cou la corde du filet, de manière à rabattre celui-ci sur sa poitrine, et il ramasse, aussi promptement que possible, une quantité d’huîtres qui atteint souvent jusqu’à la cen-