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rique du Sud n’est-elle plus évaluée qu’à la somme approximative de un million et demi de francs. C’est là, du moins, ce qui résulte du rapport d’un lieutenant de la marine royale, auquel le gouvernement anglais donna, il y a quelques années, la mission d’étudier l’état des pêcheries dans ce pays. Le rapport ajoutait que les plongeurs devenaient chaque jour plus rares, les nègres et les Indiens renonçant au métier, par la peur que leur inspirent les requins qui infestent les eaux de ces parages.

Il y a, du reste, une grande inertie chez les hommes voués à ces rudes et dangereux labeurs. Il faut avouer que ce n’est pas l’appât du gain qui peut les stimuler beaucoup, car à Panama, par exemple, ils ne reçoivent qu’un dollar par semaine. Ils sont nourris avec un mauvais morceau de morue salée ou de taso (bœuf séché au soleil), et n’ont pour tout vêtement qu’une pièce de cotonnade, qui leur passe entre les jambes et vient se nouer autour des reins. D’autres fois, les plongeurs ne sont loués que pour la pêche du jour, et reçoivent alors une paye d’environ 5 centimes par huître perlière.

Ils ont coutume de se lancer à la mer sans corde d’appel, ni sac, et pendant les vingt-cinq ou trente secondes qu’ils demeurent sous l’eau, ils ne peuvent arracher que deux ou trois huîtres. Ils renouvellent leur descente douze ou quinze fois ; mais il leur arrive souvent de plonger sans réussite, ou de rapporter des huîtres qui ne contiennent aucune perle.

Passons à la pêche des éponges exécutée par les simples plongeurs, selon les anciens errements.

Les pêcheurs d’éponges procèdent à peu près de la même façon que les pêcheurs de perles, et leur industrie offre les mêmes dangers.

De nos jours, la pêche des éponges se fait principalement dans la mer de l’Archipel ottoman et sur le littoral de l’Afrique, depuis l’Égypte jusqu’à la côte de Tunis. Les pêcheurs, qui sont des habitants des nombreuses îles de l’Archipel ottoman, vendent le produit de leur pêche aux Occidentaux. Ce commerce a pris une grande extension depuis que l’usage des éponges s’est généralement répandu, soit pour la toilette, soit pour les nettoyages domestiques et industriels.

La pêche commence ordinairement vers les premiers jours de juin, et finit en octobre. Mais les mois de juillet et d’août sont particulièrement favorables à la récolte des éponges. Antakieh (Syrie) lui fournit environ 10 bateaux, Tripoli 25 à 30, Karki 50 ; Symi en expédie jusqu’à 170 et 180 et Kalimnos plus de 209.

Voici comment se fait la récolte des éponges sur les côtes de Syrie (fig. 395).

Des bateaux, montés par 4 ou 5 hommes, se dispersent sur les côtes, et vont chercher leur butin à 2 ou 7 kilomètres au large, sous les bancs de roches. Les éponges de qualité inférieure sont recueillies dans les eaux basses. Les plus belles ne se rencontrent qu’à la profondeur de 12 à 22 brasses. Pour les premières, on se sert de harpons à trois dents, à l’aide desquels on les arrache, non sans les détériorer plus ou moins. Quant aux secondes, ou aux éponges fines, d’habiles plongeurs descendent au fond de la mer, et à l’aide d’un couteau, ils les détachent, avec précaution. Aussi le prix d’une éponge plongée est-il beaucoup plus considérable que celui d’une éponge harponnée.

Parmi les plongeurs, ceux de Kalimnos et de Psara sont particulièrement renommés. Ils descendent jusqu’à 25 brasses de profondeur, restent moins longtemps sous l’eau que les Syriens, et font cependant des pêches plus abondantes

La pêche de l’Archipel ottoman fournit au commerce peu d’éponges fines, mais une grande quantité d’éponges communes. La pêche de Syrie fournit, en éponges fines, celles qui conviennent le mieux pour la France. Elles