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Tel est l’explorateur sous-marin de Jobard. Ce puits portatif aurait pu présenter quelques avantages ; cependant il ne parut pas répondre aux besoins de la pratique, et les expériences que l’on fit dans la Seine, à Paris, en 1856, ne menèrent à rien de sérieux.

Nous nous dispenserons d’après cela d’examiner la question de priorité qui concerne l’explorateur sous-marin, et de décider si M. Espiard de Colonge, qui éleva une réclamation contre Jobard, dont il revendiquait l’invention, était, ou non, fondé dans ses dires. Si cette polémique intéresse quelques lecteurs, ils la trouveront dans la Science pour tous[1].

Avec le scaphandre comme avec la cloche à plongeur, il est indispensable que les hommes descendus sous l’eau puissent à tout instant communiquer avec ceux qui sont restés à la surface. Il a donc fallu créer, à leur usage, un vocabulaire spécial, composé de signaux aussi simples et aussi clairs que possible. Ces signaux se transmettent au moyen de la corde attachée à la ceinture du plongeur. Comme il est d’une grande importance, au point de vue de l’existence de ce dernier, qu’ils soient recueillis religieusement et exécutés de même, on doit s’attacher à ce que la plus grande harmonie règne entre le travailleur sous-marin et son correspondant, qui tient sa vie entre ses mains. La plus légère mésintelligence entre deux hommes pourrait entraîner les plus graves conséquences.

Voici la liste des signaux employés, sinon dans les travaux de toute l’industrie sous-marine, au moins à l’école navale de Brest.

Si le plongeur travaille sur le fond, un coup donné sur la corde, par l’homme de la surface, signifie : « Le plongeur est-il bien ? »

Le plongeur répond immédiatement par un autre coup. C’est, d’ailleurs, une règle générale que celui qui reçoit un signal, doit toujours le répéter, pour faire savoir qu’il a compris. Toutes les deux ou trois minutes, la question précédente est adressée au plongeur. Si trois appels successifs restent sans réponse, on le remonte aussitôt, à l’aide de la corde de communication.

Deux coups donnés par le plongeur veulent dire : « Donnez-moi plus d’air ; » — trois coups : « Donnez-moi moins d’air ; » — cinq coups : « Je ne puis plus rester, remontez-moi. »

Si le plongeur travaille contre les flancs ou contre le fond d’un navire, il se tient ordinairement sur les degrés d’une échelle de corde, qui suit les formes de la coque, et qui peut être déplacée à la volonté de l’ouvrier. Dans ce cas, les signaux sont différents :

Un coup sur la corde donné par le plongeur, signifie : « L’échelle est assez près. Amarrez ; » deux coups : « Rapprochez l’échelle du navire ; » — trois coups : « Écartez l’échelle du navire ; » — quatre coups : « Portez l’échelle sur l’avant ; » — cinq coups : « Portez l’échelle sur l’arrière ; » — six coups : « Je me trouve mal, remontez-moi. » Un coup sur le tuyau de conduite d’air donné par l’homme de la surface, veut dire : « Le plongeur est-il bien ? » deux coups sur le tuyau donnés par le plongeur signifient : « Donnez-moi plus d’air ; » trois coups : « Donnez-moi moins d’air. »

Quant aux demandes de cordes, d’outils ou autres objets nécessaires pour l’exécution ou la fin du travail qui s’exécute, elles se font au moyen de signaux convenus sur le moment, et d’ailleurs très-variables, selon la fantaisie des correspondants et la nature de la besogne qui incombe au plongeur.

Une question qui mérite d’être considérée, c’est celle de l’éclairage sous-marin. L’intensité de la lumière solaire varie, sous l’eau, suivant la profondeur qu’affronte le plongeur, suivant la nature du fond et la limpidité de l’onde, et l’on pourrait ajouter suivant l’éclat

  1. 1856, pages 37 et 56.