Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/680

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

puisement des bancs, en fournissant les moyens de reproduire ces huîtres perlières par un ensemencement artificiel semblable à celui qui s’exécute aujourd’hui sur tant de rivages pour l’huître comestible.

On comprend aisément combien il serait avantageux de pouvoir substituer aux plongeurs à nu, pour la recherche des huîtres perlières et de la nacre, les plongeurs revêtus du scaphandre. Les hommes ainsi préservés de l’attaque des animaux sous-marins, et pouvant prolonger selon leurs désirs, leur séjour dans l’eau, procéderaient à des récoltes sûres et abondantes.

Quant au corail, il ne serait pas moins précieux de substituer les scaphandres au système de pêche barbare en usage sur les côtes de l’Italie, et en général dans tous les parages de la Méditerranée et de l’océan Indien où l’on récolte le corail. Le filet muni de crocs, nommés fauberts, qui sert à cette pêche, agissant au hasard, à travers les profondeurs de la mer, laboure les rochers coralliers, brise et détruit le naissain de zoophytes, aussi bien que le corail le plus ancien. Ce mode de récolte détruit tout, au fond de la mer, au grand préjudice des exploitations futures.

Les pêcheurs de corail ont été frappés de ces avantages, alors qu’on ne connaissait encore que l’appareil Cabirol. On cite des pêcheurs de corail de la côte de Catalogne qui ont réalisé, avec le scaphandre, de très-beaux bénéfices. Cet exemple a été d’ailleurs suivi par d’autres pêcheurs, surtout depuis l’invention du scaphandre Rouquayrol.

Au mois de mars 1856, M. Ad. Focillon, dans un rapport présenté à la Société d’acclimatation, à propos de questions sur la pêche du corail algérien, qui avaient été adressées à cette société par le Ministre de la guerre, démontrait que les moyens les plus efficaces pour ramener en des mains françaises la pêche et l’industrie du corail algérien seraient : 1o l’exploitation méthodique des bancs naturels ; 2o la création de bancs artificiels dans des conditions favorables à leur exploitation ultérieure.

Le scaphandre semble devoir résoudre mieux qu’aucun autre procédé ce double problème. Ses avantages paraîtront considérables, si l’on songe qu’il permet de faire la pêche sûrement, avec une supériorité évidente, et sans ravager les bancs coralliens. À l’emploi de la drague, qui brise, arrache et ramène très-incomplétement les débris qu’elle a faits, les scaphandres substituent une cueillette à la main, où chaque morceau de corail peut être choisi, où l’état des bancs peut être constaté, à chaque saison, où les jeunes pousses de coraux peuvent être épargnées, tandis qu’on enlève, sans préjudice pour les bancs, et avec un grand profit industriel, les vieux troncs que la drague abandonne trop souvent (fig. 431). La pêche du corail opérée avec les appareils plongeurs sera aussi productive qu’une récolte à la surface du sol, et on sera en mesure d’offrir le corail ainsi récolté aux étrangers, qui nous l’enlèvent aujourd’hui, sans que la France en retire aucun bénéfice. On pourrait même, grâce à ce procédé, combiner l’ensemencement du corail avec sa pêche méthodique. En effet, dans les eaux qu’il habite naturellement, ce zoophyte croît partout où on le pose, et la production de nouveaux bancs, l’extension, l’aménagement rationnel des bancs existants, paraissent ne devoir plus dépendre que de l’emploi rationnel des scaphandres.

Il est donc à désirer que l’on fasse l’essai des scaphandres pour la pêche du corail de l’Algérie. Lorsque la main de l’homme pourra récolter directement ce que la drague dévaste aujourd’hui, on trouvera dans ce procédé les moyens les plus efficaces de rapatrier cette pêche, jadis toute française. On ne peut guère prévoir comment les moyens grossiers des pêcheurs actuels pourraient soutenir la concurrence avec une méthode qui, récoltant facilement le corail propre à