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pose une résistance très-prononcée à l’action des acides. L’acide azotique, l’acide sulfurique, employés à froid, n’exercent sur lui aucune action, et l’on peut conserver dans les acides azotique ou sulfurique des lames de ce métal sans qu’il éprouve ni dissolution ni altération.

L’acide chlorhydrique seul l’attaque et le dissout à froid.

Tout le monde comprend les avantages que doit présenter au point de vue de ses applications, un métal blanc et inaltérable comme l’argent, — qui ne noircit pas malgré son séjour prolongé dans l’air, — qui est fusible à une température modérée, et peut, dès lors, se plier à toutes les formes désirables ; — qui se travaille au marteau avec facilité ; — qui s’étire en fils jouissant d’une ténacité remarquable, — et qui présente enfin la propriété, singulière et inattendue, d’être plus léger que le verre. Ce métal nouveau parut donc tout de suite appelé à prendre une place importante parmi les matières premières de l’industrie.

On a dit, que l’aluminium pourrait entrer un jour dans nos alliages précieux, et remplacer l’or et l’argent dans les monnaies et les bijoux. C’était une erreur. En effet, ce qui contribue surtout à donner à l’argent et à l’or les caractères de métal précieux, ce qui a décidé leur adoption sous ce rapport, c’est la facilité avec laquelle on retire ces métaux des alliages, des mélanges ou des combinaisons diverses où ils se trouvent engagés. Par des opérations chimiques fort simples, l’or et l’argent sont extraits sans peine de tous les composés qui les renferment. L’aluminium est dépourvu de ce privilége. On ne pourrait, comme l’or et l’argent, le séparer, à l’état métallique, de ses divers composés. Au lieu d’aluminium, on n’en retirerait que de l’alumine, c’est-à-dire la base de l’argile, matière sans valeur. Tel est le motif qui empêchera d’adopter l’aluminium comme auxiliaire, dans nos monnaies, de l’argent et de l’or. D’ailleurs, un métal d’un gisement aussi commun, une substance faisant partie de l’argile que nous foulons à nos pieds, et dont la valeur serait variable par toutes sortes de circonstances, ne saurait être acceptée, dans aucun cas, comme signe représentatif des richesses.

L’aluminium doit donc être exclusivement réservé aux besoins de l’industrie. On peut le consacrer à la confection des vases et d’instruments de toute nature dans lesquels la résistance à l’action de l’air et des agents chimiques est une condition nécessaire. Il rend, dans ce genre d’applications, des services réels.

Un autre emploi important de l’aluminium, se trouve dans l’ornement et le décor extérieur. L’argent est souvent rejeté comme objet d’ornement, en raison de sa prompte altération par les émanations sulfureuses, et l’on est contraint de se priver ainsi de l’éclat et de la riche teinte de ce métal, dans beaucoup de cas où ils auraient produit les plus heureux effets. L’aluminium suppléera ici l’argent avec beaucoup d’avantages.

Il est bon, toutefois, quand on parle des applications que pourra recevoir le métal de l’argile, de distinguer entre ses applications immédiates et ses applications à venir. Par applications immédiates de l’aluminium, nous entendons celles qu’il pourrait recevoir au prix assez élevé auquel il se trouve aujourd’hui dans le commerce ; par applications à venir celles qui lui sont réservées lorsque les progrès ultérieurs de la fabrication en auront notablement abaissé le prix.

Dans le premier cas, l’aluminium est dès aujourd’hui très-utile, en raison de son inaltérabilité, de sa ténacité et de sa légèreté, pour construire ces instruments de précision dans lesquels le travail de l’artiste est tout, et le prix de la matière presque rien. Citons, par exemple, les balances de précision, l’horlogerie, les instruments d’astronomie et de géodésie. Par son innocuité complète sur nos organes, il joue encore un assez grand rôle dans la confection des instruments de chirurgie