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quantité de matière, et trop abrégé la durée de la bougie.

Cette mèche de coton natté exige elle-même une préparation. Les cendres qu’elle laisse par sa combustion, l’empêcheraient de brûler entièrement, et laisseraient un résidu demi-charbonneux. Ce résidu, tombant dans le petit godet que forme la bougie en brûlant, ferait fondre l’acide stéarique, et par conséquent couler la bougie. M. de Cambacérès, comme nous l’avons dit, avait essayé de traiter la mèche par l’acide sulfurique. M. d’Arcet avait proposé l’acide azotique, et mieux l’azotate d’ammoniaque, pour brûler entièrement la mèche ; mais M. de Milly résolut le problème en imprégnant la mèche d’acide borique ou phosphorique, qui, formant avec les cendres de la mèche, un borate ou un phosphate fusible, vitrifie les cendres, et forme un globule, lequel fond, coule et tombe dans le godet de la bougie, sous la forme d’un grain imperceptible. Le poids de ce petit globule à l’extrémité de la mèche, favorise, d’ailleurs, son incurvation. La cause première de cette incurvation de la mèche, c’est le tressage de trois fils qui la composent, et dont l’un étant plus long, plus fort, plus incliné que les autres, se redresse quand la mèche brûle et que le coton est ainsi détordu.

Ainsi les cendres de la mèche, sont éliminées sans inconvénient, et la mèche se coupant toute seule, par sa combustion, n’a pas besoin d’être mouchée.

Pour préparer les mèches on les fait tremper, pendant trois heures, dans une dissolution aqueuse d’acide borique, contenant 2 kilogrammes d’acide borique pour 100 litres d’eau. Quand on les a retirées du bain, on les exprime, et on les fait sécher dans une étuve.

Les mèches sont placées dans les moules, comme nous l’avons expliqué en parlant des chandelles. Une douille percée d’un trou, du côté de l’entonnoir du moule, reçoit un bout de la mèche ; l’autre bout est arrêté dans la partie conique, par un petit tampon de bois, comme nous l’avons expliqué et figuré en parlant des chandelles.

Pour couler, dans ces moules, les acides gras, il faut certaines précautions. Si on les versait chauds, ils cristalliseraient dans le moule, et donneraient une bougie feuilletée et cassante. Il ne faut verser la matière que lorsqu’elle est à demi figée par le refroidissement, c’est-à-dire quand elle présente un aspect laiteux. On prend, dans des poêlons métalliques, pourvus d’un bec, une certaine quantité de cette matière à demi figée, et on la verse dans les moules.

Pour que le refroidissement ne soit pas trop brusque, ces moules doivent être maintenus chauds. À cet effet, la caisse qui les renferme, est elle-même contenue dans une autre caisse de métal ; et l’on fait circuler dans leur intervalle un courant de vapeur à la température de 50 à 60 degrés.

Fig. 57. — Moulage des bougies stéariques.

La figure 57 représente la caisse contenant les moules. PP est la caisse extérieure, NN, la caisse intérieure. Autour de la caisse NN circule la vapeur d’eau. Un robinet, T, laisse sortir l’air. Un robinet, T′, placé au bas de la caisse, fait écouler l’eau liquide provenant de la condensation de la vapeur. M est la masse-