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Les bielles C, C, agissent sur deux manivelles D, D, calées à 90° l’une de l’autre. L’arbre est en deux pièces, et porte un vireur E.

La vapeur, après avoir agi sur le petit piston, passe, au moyen d’un conduit circulaire, dans la boîte à vapeur du grand cylindre, et après avoir travaillé dans celui-ci, elle se rend au condenseur à surface, F, par un tuyau.

Le condenseur à surface est analogue à ceux de la machine de la Normandie, mais la pompe de circulation est entraînée par la machine générale, au lieu d’être mue par une machine spéciale : ce système est toujours appliqué aux machines de petite et de moyenne puissance.


Les machines à vapeur Compound installées dans les navires de commerce qui ne dépassent qu’exceptionnellement la force de 1 500 chevaux se composent ordinairement de deux cylindres, un petit et un grand, qui sont établis parallèlement.

La vapeur, après avoir agi dans le premier, se rend au second, en traversant une capacité assez considérable, qui sert d’enveloppe et constitue un réservoir intermédiaire. Ce réservoir est utile pour régulariser la pression dans le grand cylindre et la rendre indépendante de l’ouverture et de la fermeture du petit tiroir.

Les bielles agissent sur deux manivelles calées à angle droit ; mais, au point de vue de la mise en train, l’on se trouve dans le même cas que celui d’une machine à un seul cylindre et il y a beaucoup de positions de la machine où elle ne peut pas partir quand on ouvre la valve. On obvie à cet inconvénient en plaçant un robinet qui permet d’envoyer la vapeur des chaudières directement au grand cylindre, si cela est nécessaire pour la mise en marche.

L’expérience a prouvé qu’il y a inconvénient à dépasser pour les cylindres le diamètre de 2 mètres environ ; les ruptures sont assez fréquentes, par l’effet des dilatations qui ne peuvent toujours se faire librement.

Quand la puissance de la machine dépasse un certain chiffre, on est donc conduit à employer des machines à 3 cylindres. La vapeur est introduite dans un petit cylindre, d’où elle se rend dans deux autres plus grands où elle se détend ; on peut recourir aussi à la disposition dite machine tandem.

Dans ces machines, les petits cylindres sont superposés aux grands avec tiges de piston et de tiroir communes, c’est-à-dire avec même distribution aux deux cylindres ; l’ensemble de chaque double cylindre constitue une véritable machine de Wolf. Sur les grands paquebots actuels de la Compagnie Transatlantique, les machines qui ont développé la force de 3 300 chevaux aux essais se composent de deux machines de Wolf placées l’une derrière l’autre (en tout 4 cylindres). La machine de la Normandie, ainsi que nous l’avons dit, est formée de 3 machines de Wolf juxtaposées ; elle a en tout 6 cylindres.

On comprend que l’on arrive ainsi à occuper la plus petite surface en plan horizontal, à la fois en longueur et en largeur ; ce qui a de grands avantages quand la machine atteint de si grandes dimensions et serait sans cela extrêmement encombrante ; les mécanismes sont également simplifiés.


Les machines Compound, à deux cylindres seulement, présentaient donc de notables inconvénients pour les navires ayant à développer une puissance considérable. Dans ce cas, le grand cylindre atteignait des dimensions énormes et, par suite, devenait d’une construction difficile ; en outre, la régularité de la marche n’était pas absolue, car le volant manquait. On fut donc conduit à modifier la machine Compound.

En 1863, Dupuy de Lôme, sur le transport le Loiret, faisait établir une machine horizontale Compound à trois cylindres, et