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CHAPITRE XI

les bateaux de fleuve et de rivière. — les bateaux de la seine. — Hirondelles, Express et Omnibus. — les Mouches du port de Marseille. — les remorqueurs à vapeur et les porteurs de marchandises. — le touage à vapeur.

Après les paquebots de commerce, aux longues traversées maritimes, nous avons à examiner la navigation par la vapeur sur les fleuves, rivières et canaux.

La Seine, à Paris, est sillonnée de quelques bateaux à vapeur, dont la description pourra intéresser le lecteur.

Trois types différents composent la flotte parisienne : les Bateaux-Mouches, les Express et les Hirondelles.

Les Hirondelles ont été construites en 1878, à Argenteuil, par les Usines et chantiers de la Seine.

Le type établi à cette époque, par les constructeurs, a été conservé depuis, pour les bateaux analogues ; et les Express, qui sont venus après, présentent, sauf quelques détails, les mêmes dispositions.

La coque des Hirondelles est entièrement en fer, et d’une assez grande légèreté, en même temps que d’une solidité parfaite. Les lignes d’eau sont extrêmement fines, et l’ensemble de la coque présente des façons fort élégantes. La coque, très rase sur l’eau, est surmontée d’un wroof qui, allant de l’arrière à l’avant, permet d’éclairer par de larges fenêtres les deux salons avant et arrière, ainsi que la chambre de la machine. Le toit de ce roof forme, en réalité, le pont du bateau. Il est garni de banquettes et surmonté d’une tente.

La machine est du système Compound, à deux cylindres avec condenseur à surface.

Une particularité de cette machine, c’est son appareil de changement de marche, à un seul excentrique, système Bouron. Cet appareil n’agit que sur le tiroir du cylindre d’admission ; le tiroir du grand cylindre est conduit par un excentrique à toc. Ce système très simple ne peut s’appliquer qu’à une machine à un seul cylindre, ou à une machine Compound à deux cylindres, comme c’est le cas ici, et à la condition que la transmission du mouvement de la machine ne se fasse pas par le bout de l’arbre, du côté du changement de marche.

La machine des Hirondelles est de la force de cent chevaux-vapeur.

La vapeur est fournie par une chaudière cylindrique, à retour de flamme et à un seul foyer. Comme les règlements de la navigation sur la Seine exigent la fumivorité des foyers, le combustible employé est le coke, ce qui a forcé d’adopter une vaste grille. La cheminée est du système télescopique, c’est-à-dire qu’elle peut s’allonger et se raccourcir, comme les tubes d’une lunette, au moyen d’un renvoi de mouvement à poulie, suivant les besoins du tirage. Le pilote, placé sur une passerelle à l’arrière, manœuvre le bateau au moyen d’une barre franche, c’est-à-dire directement fixée sur la mèche du gouvernail, et sans l’intermédiaire de roue ou d’appareil de renvoi. Ce système, quoique très fatigant pour le pilote, est préféré sur la Seine, à cause de la rapidité de manœuvre qu’il procure, et que ne pourrait donner qu’un appareil à vapeur (servo-moteur) qui serait trop compliqué pour un bateau de fleuve.

Le pilote commande à la machine par un porte-voix. La machine actionne une hélice à 4 ailes, en fonte, qui imprime au bateau la vitesse moyenne de 16 kilomètres à l’heure, fixée par les règlements.

Les Express sont construits sur des plans dérivés de ceux des Hirondelles.

Leur machine est du système Compound ordinaire, elle a été exécutée par M. J. Boulet. La chaudière, à retour de flamme, vient des ateliers de Lyon, et la coque a été construite par la Société des Forges et