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chauffe, et est timbrée à 10 kilogrammes. Le bateau, avec sa machine et sa chaudière, ne pèse, à vide, que 366 kilogrammes. Dans ce poids la machine entre pour 50 kilogrammes et la chaudière pour 200 kilogrammes, soit 30 kilogrammes par force de cheval.

La vitesse a atteint 20 kilomètres, 07 à l’heure, ce qui est un magnifique résultat.


La construction des canots à vapeur a donc fait beaucoup de progrès depuis quelques années. De lourdes et disgracieuses autrefois, les embarcations à vapeur sont devenues élégantes, gracieuses et rapides. Leur coque se fait en acajou ou en bois verni (pitchpin), quelquefois même en acier. La machine à vapeur est une Compound, souvent munie d’un petit condenseur à surface. Les chaudières sont devenues légères et économiques. Aussi, beaucoup d’amateurs les préfèrent-ils souvent à de véritables yachts, pour les excursions en rivière, sur les côtes de la mer, et pour la pêche.

Les canots à vapeur, en raison de leurs petites dimensions, ont été souvent employés pour servir aux essais de propulseurs ou de machines plus ou moins pratiques, destinés aux navires.


À ce propos, il convient de dire que M. Mors, constructeur à Paris, a fait les essais d’un canot à hélice, dont la machine est un moteur à pétrole. Dans cette machine, le pétrole est employé à l’état de vapeur, ou du moins dans un état de division très grand, et il agit dans le cylindre comme le fait le gaz d’éclairage dans le moteur à gaz Otto.


Pour continuer ce sujet, nous signalerons une expérience, étrange et triste à la fois, qui a eu lieu à Asnières, le 10 décembre 1886, et dont les conséquences funestes ont ému un instant le public parisien.

Deux inventeurs, l’un Français, l’autre Roumain, MM. Just Buisson et Ciurcu (prononcez Tchiurcou) étudiaient un propulseur basé sur le principe de la réaction qui accompagne le recul des armes à feu, c’est-à-dire le même effet mécanique qui provoque la marche de l’Éolipyle et qui produit la fusée volante.

Imaginez une grande fusée enfermée dans un canon fixé à l’arrière d’un véhicule quelconque, bateau, aérostat, etc., de telle sorte que sa bouche soit placée dans une direction opposée à la marche que l’on veut produire. Si l’on vient à allumer la fusée, les gaz produits par la combustion de la matière explosive s’échapperont de la bouche du canon, et par la seule force de leur réaction, ils pousseront le canon et le mobile auquel il sera fixé, dans une direction opposée à celle de leur écoulement.

Les deux inventeurs de ce système, — quelque peu renouvelé des Grecs, puisque déjà Hiéron, le savant de l’école d’Alexandrie, essayait des moteurs à réaction et à recul, et construisait l’éolipyle, — ne prenaient aucun point d’appui sur l’eau, le bateau n’ayant ni rames, ni roues, ni hélice. C’est l’effet de recul produit par les gaz détonant à l’air, qui produisait le mouvement d’arrière en avant, absolument comme le recul d’un canon. Seulement, au lieu de canon, les inventeurs avaient un récipient en bronze, dans lequel brûlait la composition destinée à produire les gaz moteurs. Ce récipient possédait, à l’arrière, un orifice, qui pouvait être rétréci au besoin, à l’aide d’un papillon, semblable à celui que l’on emploie pour modérer la marche des machines à vapeur. Un manomètre placé sur le récipient indiquait, à tout instant, la tension des gaz.

Plusieurs essais avaient été faits du 3 août au 10 décembre 1886, et avaient plus ou moins bien réussi.

Lors de l’expérience du 10 décembre les inventeurs avaient installé sur leur yole