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d’autre part, on peut apporter plus de soin dans le recrutement de ce personnel, leur donner un salaire plus élevé et appeler à ce poste des hommes d’élite. On peut imposer à chacun d’eux une consigne plus rigoureuse, puisque tout le service est centralisé en ses mains. Enfin, et surtout, le groupement des leviers permet, au moyen du procédé de l’enclenchement, d’empêcher mécaniquement l’aiguilleur de commettre une erreur.

Nous allons examiner successivement comment on a réalisé ces deux perfectionnements, à savoir : 1o la concentration des leviers de changement de voie ; 2o l’enclenchement des leviers.

La concentration des leviers de changement de voie consiste à réunir sur un même point, que l’on appelle poste de l’aiguilleur, les leviers de changement de voie situés dans un certain rayon, et à commander, à une distance souvent considérable, les aiguilles, au moyen d’une transmission de mouvement, qui se fait par des tiges de fer rigides. Quant aux signaux qui accompagnent la manœuvre des changements de voie ils se transmettent, non par des tiges rigides, mais par de simples fils de fer.

Les transmissions rigides les plus répandues sont réalisées au moyen de tringles en fer creux, guidées, de deux mètres en deux mètres, par deux poulies à gorge creuse superposées. Afin de prévenir les effets de la dilatation linéaire du fer, qui devient très appréciable sur une pareille longueur, ainsi que pour les grands écarts de température, ce qui pourrait empêcher le fonctionnement de l’appareil commandé, on place soit dans un plan horizontal, soit dans un plan vertical, un appareil spécial de compensation.

Nous donnons dans la figure 241 l’élévation du levier de transmission et de ses supports, avec l’appareil compensateur vertical. Les tiges de transmission, T, mues par le levier, P, que le mécanicien fait basculer, sont supportées par des poulies, D E. Le compensateur vertical est formé de deux équerres H H’, reliées entre elles, à une extrémité par une bielle I, et à l’autre avec les tringles T.

Le balancier compensateur horizontal, est formé d’une tige B′B′ (fig. 242) oscillant autour d’un axe, en son milieu, O.

Les deux extrémités du balancier sont quelquefois attachées à des bielles articulées avec les tringles de fer creux, et dont le rôle est de rendre plus douce la manœuvre de la tringle, qui doit se mouvoir en ligne droite, tandis que les extrémités du balancier décrivent des arcs de cercle ; mais dans certaines transmissions, on supprime les bielles articulées, pour simplifier la construction. Il est évident que le fonctionnement est alors moins bon.

Si la transmission doit longer des voies courbes, elle forme les côtés d’un polygone inscrit à la courbe, et dont les différentes parties sont réunies, par des genouillères, aux points d’inflexion.

Tous les organes de la transmission du mouvement sont montés sur de solides bâtis en charpente, destinés à rendre indéformable le canevas géométrique de l’ensemble.

En Autriche, on fait usage, comme en France, de tiges de fer, mais au lieu de leur communiquer un mouvement de translation, on leur imprime un mouvement de rotation.


Le poste de l’aiguilleur se trouvant à une distance souvent considérable du changement de voie à effectuer, il lui devient impossible de s’assurer si l’aiguille a bien manœuvré, et si elle est bien placée pour assurer le passage du train attendu. Il a donc fallu disposer de nouveaux appareils, soit pour renseigner l’aiguilleur sur la position