Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

côté). Mais les maçonneries, encore chaudes, maintenaient une température étouffante ; si bien que lorsque le malheureux sortait, couvert de suie, il s’évanouissait de fatigue.


C’est en raison de la sécurité qu’assurent les chaudières multitubulaires, qu’une loi a imposé l’usage exclusif des générateurs inexplosibles dans les villes et les maisons habitées.

Un décret du 30 avril 1880 a modifié sur plusieurs points essentiels la réglementation des chaudières à vapeur, notamment en ce qui touche leur classification par catégories et leurs conditions d’installation. Les chaudières à bouilleurs sont exclues de toute maison d’habitation, et de tout atelier surmonté d’étages. Les chaudières tabulaires, dites inexplosibles, sont seules autorisées, à l’intérieur des habitations. C’est ce qui a déterminé, dans ces derniers temps, la grande extension qu’ont prise la construction et l’emploi du nouveau genre de générateurs que nous venons de décrire.


Il ne faudrait pas croire, pourtant, que les chaudières multitubulaires soient les seules employées aujourd’hui. Les chaudières à bouilleurs et les chaudières à tubes de fumée, analogues aux générateurs de locomotive, sont encore fort en usage. En effet, les chaudières à bouilleurs, si elles ont les inconvénients que nous avons dû signaler, ont de nombreux avantages, qui sont, principalement, la facilité de conduite du feu et du nettoyage, et surtout, la qualité, si précieuse, de la stabilité dans la production de la vapeur. Le chauffeur peut négliger quelque temps la conduite du feu, sans que la pression de sa chaudière s’en ressente immédiatement ; ce qui est dû à la grande masse d’eau qui s’y trouve, et qui forme, comme le disent les mécaniciens, un volant de chaleur. On conçoit facilement que plus la masse d’eau sera considérable dans une chaudière, et plus il faudra de temps pour que sa pression varie. Par contre, il faut, avec une chaudière à bouilleurs, beaucoup plus de temps pour monter en pression. C’est ainsi qu’il faut une heure et demie à deux heures et souvent davantage, avec une chaudière à bouilleurs, pour arriver à la pression voulue, après l’allumage, tandis qu’il suffit de 7 à 8 minutes, avec une chaudière Belleville.

Mais une fois la masse d’eau parvenue à la pression et à la température de marche, dans la chaudière à bouilleurs, cette température et cette pression se maintiennent un temps fort long, quelles que soient les intermittences ou la négligence que puisse mettre le chauffeur à entretenir le feu sur la grille. De là, une grande facilité pour la conduite de la chaudière.

Dans beaucoup de cas, la chaudière à bouilleurs conserve donc ses avantages. La simplicité de sa construction, le grand volume d’eau qu’elle renferme, et qui forme, avec la masse des maçonneries, un régulateur de chaleur, permet d’apporter peu d’attention à la conduite du feu. Seulement, son rendement est déplorable. Alors qu’une chaudière multitubulaire produit, par heure, 500 kilogrammes de vapeur, par exemple, une chaudière à bouilleurs, à égalité de surface, de chauffe, n’en donne que 400 kilogrammes.

C’est ce qui s’explique sans peine, d’ailleurs. Pour utiliser convenablement le calorique produit par le combustible, il faut des générateurs capables de dépouiller rapidement de la plus grande partie de leur chaleur les gaz produits par la combustion du charbon. Lorsque la surface d’absorption du calorique n’est pas assez considérable, ou n’est pas convenablement disposée, une grande partie de la chaleur se perd par la cheminée. Les chaudières cylindriques, en général, ne sont pas économiques, par la raison bien simple que, pour avoir une sur-