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empêcher l’oxyde de chrome de se déposer sur le charbon, M. Grenet donna, finalement, à la pile au bichromate de potasse la disposition suivante.

Un flacon à large ouverture est fermé par un couvercle en ébonite, auquel sont fixées deux plaques de charbon. Entre ces plaques, et maintenue par une tige mobile, qui traverse le couvercle, se trouve une lame épaisse de zinc, de même largeur que les charbons, mais à peu près moitié moins longue. Le flacon est rempli aux deux tiers d’une solution de bichromate de potasse à 10 p. 100, additionnée de 20 grammes d’acide sulfurique par litre. Quand la pile est au repos, le zinc se trouve un peu au-dessus du liquide où plongent constamment les deux charbons. Il faut, pour la mettre en activité, abaisser la tige mobile jusqu’à ce que le zinc vienne baigner dans la solution de bichromate.

Fig. 318 — Pile à bouteille.
Z, zinc. — K, plaques de charbon. — T, tige mobile.

La pile Grenet, qu’on appelle quelquefois encore pile à bouteille, et que nous représentons dans la figure ci-dessus, s’emploie surtout pour les expériences de laboratoire. Elle présente sur les autres l’avantage d’être toujours prête, de se régler facilement et de ne dégager aucune odeur. Par contre elle se polarise très vite, à cause de la formation d’un alun de chrome sur le charbon ; de sorte qu’elle perd, en quelques heures, toute son énergie.

M. Bunsen a construit une pile au bichromate de potasse, ou pour mieux dire une batterie à treuil, dont le mélange dépolarisant est formé de 1 partie en poids de bichromate de potasse, de 2 parties d’acide sulfurique et de 12 parties d’eau. D’après M. Warrington, ce mélange offre l’avantage de ne point donner lieu à la formation d’alun de chrome, mais de laisser déposer seulement de petits cristaux de sulfate de chrome et de zinc.


Cette batterie a été perfectionnée encore par M. Hauck, qui l’a disposée de façon à occuper peu de place, et à permettre d’établir facilement toutes les communications, soit en tension, soit en quantité. De plus, si la batterie est destinée à produire des actions de calorique ou de lumière électrique, on peut employer de grandes plaques de charbon, très rapprochées les unes des autres, ou des plaques plus petites assez écartées, qui donnent un courant énergique.


Comme les piles au bichromate de potasse fournissent un courant très intense, M. Ducretet, habile constructeur d’instruments de physique à Paris, a disposé, pour les laboratoires, une batterie, dont tous les éléments sont suspendus par une corde s’enroulant sur un treuil, et qui peuvent être plongés tous à la fois dans le liquide excitateur, ou en être retirés, à volonté, d’un seul coup.

La figure 319 montre la pile au bichromate de potasse à treuil, de M. Ducretet.

Les éléments, zinc et charbon, sont suspendus à une tige verticale A, par des fils c, c. Au moyen de la manivelle M et du treuil T, on fait descendre les éléments dans le bain de chromate de potasse ; et on les en retire à volonté. Une cloison mobile B permet de manier facilement les vases V, qui contiennent la dissolution saline.