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fut appliquée au service, avec une remarquable activité. Les télégraphistes du 24e régiment de volontaires du Middlessex ne téléphonèrent pas moins de deux cent dix mille huit cents mots (210 800), pendant les cinq jours que durèrent les manœuvres.


Dans la marine, le téléphone est appelé à rendre de grands services. Il permet d’établir des communications entre les électro-sémaphores, les navires mouillés en rade et les forts de la côte. Au bord des navires, il peut servir à la transmission des ordres.

Nous avons vu que sur les paquebots de premier ordre, comme ceux de la Compagnie française transatlantique, le téléphone est à la disposition du commandant.

Le fil téléphonique peut être encore utilisé pour la mise à feu des torpilles, pour vérifier l’état de ces projectiles, et reconnaître si la continuité du circuit au sein des amorces, ne présente pas de défectuosités.

Le commandant Aug. Trêves, mort en 1885, et qui s’était fait connaître par un grand nombre d’applications de l’électricité à l’art de la guerre, fit, en décembre 1882, une très intéressante expérience. Il mit en rapport, sous les eaux, l’île d’Aix, Saint-Pierre-d’Oléron, la tour de Chassiron et un aviso en rade de Toulon. Les paroles prononcées dans une des stations choisies pour ces expériences, furent, à l’instant, entendues dans les autres, par le passage du courant dans le câble sous-marin téléphonique.

En juin 1882, une communication fut établie, en rade du Havre, entre le cercle Marie-Christine et un bâtiment ancré à quinze cents mètres. On croyait que le mouvement des flots troublerait les transmissions, mais il n’en fut rien. Plusieurs habitants du Havre causèrent, grâce au téléphone, avec le commandant du navire.

Dans les travaux qui s’effectuent sous l’eau, aussi bien dans les rivières que dans la mer, le téléphone est un excellent moyen de correspondre du niveau de l’eau avec l’intérieur de la cloche à plongeur ou du scaphandre. En 1882, dans des travaux qui se faisaient sur la rivière Wear, en Angleterre, on se servit journellement du téléphone pour parler, du rivage, aux ouvriers scaphandriers.


Les bateaux-feux, ces îles flottantes destinées à servir de bouées indicatrices, qui jusque-là, étaient isolés en mer, seront prochainement reliés à la côte par des téléphones.


Une application importante du même instrument, a été faite pour la transmission des ordres et la surveillance de la ventilation dans les mines.


En médecine et en physiologie, les appareils téléphoniques et microphoniques reçoivent quelques emplois. M. E. Ducrétet a construit un microphone stéthoscopique, qui permet d’entendre, dans plusieurs téléphones à la fois, les plus faibles pulsations des artères. Cet appareil se compose de deux tambours à membrane vibrante, de M. Marey, accouplés à un microphone à charbon. L’un sert d’explorateur, et l’autre fait fonction de récepteur. Un tube de caoutchouc réunit les deux tambours, et transmet au microphone tous les mouvements de l’explorateur. On règle la sensibilité de l’instrument au moyen d’un contre-poids, mobile sur un levier à coude, auquel est fixé l’un des crayons de charbons du microphone. L’appareil est placé dans le circuit d’une pile de quelques éléments, et d’un téléphone, qui reproduit les plus faibles battements de l’artère.

Le téléphone a été appliqué à l’étude de la balistique, autrement dit au calcul de la vitesse d’un projectile, calcul qui, jusqu’à présent, ne s’effectuait que par l’observation visuelle de la flamme qui accompagne la sortie de ce projectile.