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Fig. 194 — Fort bastionné (système Vauban).


dans un précédent chapitre (page 121), que l’on proposait de garnir tous nos forts de coupoles en acier, et de revêtir de cuirasses certaines parties des remparts de nos places de guerre. En effet, si l’assiégeant dispose d’obus contenant de la dynamite ou de la mélinite, l’assiégé aura beau posséder des moyens de défense analogues, il sera entouré, écrasé sous la puissance des obus, et condamné à capituler, à moins qu’il ne réussisse à se soustraire aux atteintes de l’artillerie de siège.

Il résultait d’expériences qui avaient eu lieu, en 1887, en Allemagne, qu’une couche de terre de 4 mètres d’épaisseur protège des voûtes ordinaires construites en béton, contre l’action d’un obus chargé de 19 kilogrammes de coton-poudre. Mais depuis cette époque, les mortiers ont été prodigieusement perfectionnés ; des obus, tirés tout récemment, ne contenaient pas moins de 40 kilogrammes de matière explosive !

La question se posait donc en ces termes : « Augmenterait-on indéfiniment l’épaisseur des maçonneries et des retranchements ? » La lutte est aujourd’hui engagée entre l’artillerie et la fortification, comme entre la cuirasse des navires et la torpille. Il est bien permis de prévoir que, dans cette bataille qui se livre, en temps de paix, à coups de millions, les artilleurs l’emporteront, et que les ingénieurs auront le dessous. On peut ajouter que, désormais, les fortifications, qui n’avaient déjà plus l’importance qu’elles avaient autrefois, joueront dans l’avenir un rôle de plus en plus effacé, et que l’invention presque simultanée de l’obus-torpille et du fusil modèle de 1886 doivent entraîner la transformation de la défense des places.