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lui une de ces torpilles automobiles, de ces torpilles Whitehead, que nous avons décrites au chapitre précédent.

Qu’ils soient de l’un ou de l’autre de ces deux types, les navires torpilleurs jouent, dans les flottes modernes, le rôle que les brûlots jouaient dans les flottes de guerre, du temps de Duquesne, de Tourville et de Jean Bart.

Contre un adversaire désemparé, et même contre un adversaire au mouillage, l’action du torpilleur est irrésistible, mais il n’en est pas de même en haute mer. Là, un navire torpilleur est vite reconnu à son allure, à sa forme ; et dès qu’il est aperçu, la mousqueterie et les mitrailleuses le font bientôt fuir. Il est certain, toutefois, qu’une escadre qui serait privée de torpilleurs serait absolument à la merci de l’escadre ennemie. De là, la création, réglementaire, de navires torpilleurs, dans toutes les marines.

On distingue les croiseurs-torpilleurs, les avisos-torpilleurs, les torpilleurs de haute mer et les torpilleurs ordinaires.

Nous avons, en France, 5 croiseurs-torpilleurs, 10 avisos-torpilleurs, 9 torpilleurs de haute mer, 86 torpilleurs de 1re  classe et 47 torpilleurs de 2e classe.

Les croiseurs-torpilleurs, du type du Condor, pour la plupart, ont un déplacement de 1 200 tonnes, en moyenne. Leurs dimensions sont environ de 68 mètres de longueur, sur 9 mètres de largeur ; leur vitesse a de 17 à 18 nœuds et ils sont armés de 5 canons de 10 centimètres et de 6 canons-revolvers (mitrailleuses Hotchkiss).

Ces croiseurs sont appelés à rendre des services, comme éclaireurs d’escadre ; et en même temps, ils peuvent lancer des torpilles automobiles.

Nous représentons le Condor dans la figuré 282, page 337.

Le Condor a beaucoup attiré l’attention de nos marins, qui se préoccupent aujourd’hui surtout des navires de tonnage moyen, destinés à combattre, tout à la fois, les torpilleurs et les cuirassés.

Il fallait, en effet, des navires maniables ayant une vitesse analogue à celle des torpilleurs, mais pouvant mieux tenir la mer, et armés de torpilles et de canons à tir rapide : en un mot une sorte de bâtiment à tout faire, malgré son faible déplacement.

De cette pensée sont nés d’abord la Bombe (304 tonneaux), ensuite le Condor, plus perfectionné, et jaugeant 1 272 tonneaux. Nous possédons aujourd’hui quatre spécimens de ce type, car l’Épervier, le Vautour et le Faucon, sont absolument semblables au Condor, au moins dans leurs caractères essentiels.

Ces bâtiments mesurent 68 mètres de longueur, 8m,90 de largeur au maître bau, avec un tirant d’eau de 4m,70.

La coque a un pont cuirassé en acier, s’étendant de bout en bout du navire, situé un peu au-dessous de la flottaison et abritant les parties vitales (machines, chaudières, servo-moteur du gouvernail, etc.). En outre, la coque est divisée en 10 compartiments étanches principaux, par des cloisons longitudinales et transversales, s’élevant jusqu’au pont cuirassé.

Le Condor a 5 canons de 10 centimètres, 5 tubes lance-torpilles et 6 canons revolvers.

L’appareil moteur, d’une puissance de 3 200 chevaux-vapeur, se compose de 2 machines compound, à connexion directe.

Les plans du Condor sont les premiers qui aient été faits pour répondre au programme rappelé plus haut. D’après ces plans a été créé le Scout, en Angleterre ; mais le Condor est supérieur, comme vitesse, aux croiseurs-torpilleurs similaires construits par nos voisins. En effet, le croiseur anglais Cossack file seulement 17 nœuds 7, tandis que le Condor a filé 18 nœuds 5 ; et le premier jauge près de 400 tonneaux de plus que le second.