Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rience, restée célèbre, produisit un arc électrique, d’un éclat éblouissant, en effectuant la décharge électrique d’une pile très puissante entre les deux fils conducteurs terminés par deux crayons de charbon de bois, placés eux-mêmes dans un vase de cristal, où existait le vide.

Cette belle expérience fut longtemps répétée dans les cours publics, où elle excitait une admiration universelle, sans que l’on songeât à l’appliquer à l’éclairage. Ce fut le physicien français Léon Foucault, qui, le premier, en 1844, transporta ce remarquable phénomène dans la pratique, et obtint un éclairage éblouissant, en se servant de charbons de cornue de gaz, comme conducteurs du courant, et opérant, non plus dans le vide, comme faisait Humphry Davy, mais à l’air libre, grâce à la très faible combustibilité de ce genre de charbon.

Comme les charbons s’usaient en brûlant dans l’air, et s’usaient d’ailleurs inégalement, il était nécessaire de les rapprocher, au fur et à mesure de leur combustion, pour maintenir égale la distance entre les deux pointes du charbon et assurer ainsi la continuité de l’arc lumineux. De là la nécessité de régulateurs.

Le premier régulateur construit par Léon Foucault et Dubosq remplissait parfaitement cet office, et nous l’avons décrit dans les Merveilles de la science[1]. Nous avons également décrit le régulateur Serrin, perfectionnement extrêmement remarquable de l’appareil de Foucault et Dubosq, et qui est encore aujourd’hui d’un grand usage pour l’éclairage par l’arc électrique, en raison de la perfection de ses organes et de la régularité de son mécanisme.

En traitant de l’éclairage électrique dans les Merveilles de la science, nous nous sommes arrêté au régulateur Serrin, qui permettant un usage très régulier et très pratique de l’éclairage par l’arc électrique, commença de donner une certaine extension aux applications de l’éclairage par l’électricité. Nous avons dit que, permettant d’éclairer de grands espaces, l’arc électrique régularisé par l’appareil Serrin, servait déjà, en 1870, à favoriser les travaux de nuit en différents chantiers.

Nous reprendrons la question de l’éclairage électrique, au point où nous en étions resté en 1870 environ, dans les Merveilles de la science.

Fig. 309. — M. Jablochkoff.

C’est en 1876 que se produisit, dans l’éclairage par l’arc électrique, la grande révolution qui vint imprimer à cette industrie nouvelle une impulsion inattendue. Un jeune ingénieur russe, M. Jablochkoff, inventait, à cette époque, ce qu’il appela la bougie électrique, qui vint rendre inutile l’emploi de tout régulateur, et imprimer, par cette suppression, un élan immense aux

  1. Tome IV, page 219.